« Signes » avait été une énorme déception, très sincèrement j’avais beaucoup de mal à croire qu’un film fantastique aussi mauvais au niveau du scénario pouvait avoir été réalisé et être aimé à ce point. Et pourtant, je me suis laissé tenté pour attaquer la suite de la filmographie du mal aimé Shyamalan et j’ais regardé « Le village » qui est considéré comme beaucoup comme étant le film qui a signé le début de la baisse de popularité des films de Shyamalan, sans voire la bande-annonce pour autant en me contentant de connaître le casting du film. Mais franchement je pose la question : qu’est-ce que vous avez tous à dire que ce film est celui qui a commencé à lui faire perdre en popularité ?
Honnêtement, c’est surement le seul film de sa filmographie pour le moment que j’ais vraiment adoré, « Sixième Sens » était bon mais le rythme me paraissait trop mou malgré quelques sursauts bien placé et un Twist Ending mémorable, je n’ais pas encore vu « Incassable » et « La jeune fille de l’eau », « Phénomènes » n’était pas si mauvais malgré un jeu d’acteur ridicule et un scénario qui n’allait nulle part mais qui avait pourtant un énorme potentiel, ici presque tout est bien construit dans son ensemble.
Comme d’habitude, on retrouve James Newton Howard à la musique et, encore une fois il nous sert une très belle composition avec de l’originalité, alternant avec des musiques sombre et inquiétante pour proposer ensuite des musiques appelant plus aux sentiments et à l’émotion venant ajouter leur touche à l’histoire. C’est drôle de voir un musicien/compositeur aussi bon que lui travailler aussi souvent avec un réalisateur dont la popularité n’a cessé de baisser au fil de ses films, alors que Howard a toujours fait des musiques de film très souvent excellente comme pour « Maléfique », la saga « Hunger Games » ou encore « Pretty Woman ». D’ailleurs j’irais même jusqu’à dire que les mélodies qu’il a composé pour ce film font parti des meilleurs que j’ais pu entendre jusqu’à présent venant de lui, et ça fait vraiment du bien.
Et puisqu’on parle d’histoire, faisons un tour du côté du scénario puisque, dans le dernier film que j’avais visionné, je lui avais grandement reproché d’avoir fait quelque chose sans aucune cohérence ou logique malgré le potentiel que ça avait. Mais là, et je dois bien le reconnaître il a réussi à faire une intrigue bien ficelé, certes le rythme du film est lent et n’est pas aussi puissant qu’on pourrait s’y attendre, mais contrairement à ce que le public pouvait s’attendre ce film n’est pas vraiment un long-métrage de fantastique mais une histoire plus humain et sans artifice à l’image de synthèse, avec des allures de conte au premier abord et qui se révèle plus tragique, et cette atmosphère dramatique gagne en force durant la dernière demi-heure du film avec un vrai Twist Ending
qui servira à justifier les règles et préceptes des anciens du village car : la vérité est que, il y a longtemps de cela, un groupe de personne s’est isolé au sein de ces bois pour fuir la cruauté et la brutalité des hommes et vivre en parfaite harmonie entre eux loin de tout ces fléaux, en créant un mythe autour de créature ancien rodant dans les bois entourant le village pour empêcher les habitants de s’enfuir afin qu’ils décident de vivre ici en paix loin de la société des hommes civilisés car oui, ce film est traître sur l’époque ou elle se déroule et ce village connait une existence situé hors de la chronologie historique puisqu’il est exilé de notre monde actuel,
donc c’est une idée intelligente et complexe mais qui est cohérente quand on y réfléchit longuement.
D’ailleurs, Shyamalan montre ici qu’il sait bien gérer la mise en scène, le meilleur exemple à citer serait sa manière de filmer les branches d’arbres mortes pour leur donner cette allure inquiétante et menaçante. Et encore une fois il y a des idées de mise en scène intelligente, comme
lors de la course poursuite entre Ivy et le faux monstre dans les bois ou tout simplement lors de son périple qui est un bon exemple en soi.
Mais s’il y avait bien une raison qui me poussait à aller voir ce film, c’était pour deux acteurs : Bryce Dallas Howard qui m’avait épaté de méchanceté dans « La couleur des sentiments » joue ici une aveugle attachante mais qui apporte aussi une petite touche de poésie à travers son aveuglement comme avec cette réplique autour des couleurs :
« Certaines personnes, une infime minorité en fait émettent une légère couleur »
, de plus c’est une femme capable et audacieuse
au point d’aller braver seule les bois pour trouver un remède en ville et sauver Lucius au seuil de la mort, et son interprétation était très réaliste et surprenante
. D’ailleurs histoire d’éviter des avis des mauvaises langues au sujet de son aveuglement qui diront « Oh mais comment elle fait pour se rendre facilement à tel ou tel endroit alors qu’elle voit que dalle ? », et bien pour commencer : sachez qu’une personne aveugle depuis son enfance a apprit à mémoriser son environnement et à reconnaître avec ses pas, un bâton et grâce à son entourage les lieux avec le plus de détail possible donc avant de critiquer un jeu d'acteur aussi compliqué, réfléchissez un peu avant de dire n'importe quoi.
Et Joaquin Phénix qui a joué dans « Signes », et qui livre ici une bonne interprétation dans le personnage de Lucius, un jeune homme cherchant à quitter le village afin de faire face à la maladie qui frappent les villageois, d’ailleurs si on devait parler de surnaturel ici ce serait surement avec
son histoire d’amour avec Ivy qui arrive à le voir malgré son aveuglement, d’où le fait qu’elle ait certaines réplique comme « Non, je ne te dirais pas quel est ta couleur » alors qu’ils ont une discussion en pleine nuit face à face
, quelque part c’est un peu incohérent mais
il y a un peu de fantastique là-dedans puisque l’amour n’est pas un sentiment que l’on comprend rapidement
et dans le cinéma, quant on y apporte sa touche, ça peut marcher et ici, enfin pour moi en tout cas ça marche bien.
Un autre rôle surprenant qui attire plus de pitié que de haine malgré ses agissements et ma réaction en le voyant à l'écran, c’est celui de Noah Percy, un autiste joué par Adrien Brody. La vraie question à se poser vis-à-vis de lui est :
est-ce qu’on est en droit de le détester pour avoir voulu tuer Lucius et gagner l’amour d’Ivy ? Oui et non, parce que personnellement sur le coup j’avais envie de lui démolir sa figure quand j’ais vu la scène, mais en y repensant et en sachant qu’il est atteint mentalement, il faut savoir qu’il ne sait pas faire la distinction entre le mal et le bien, et sa vaine tentative pour gagner l’attention de Ivy en s’enfuyant dans les bois déguisé en bête pour aller à sa recherche lui coûtera une fin tragique qui sera utilisé à la fin du film pour faire perdurer la légende
, ce qui est aussi triste qu’ingénieux pour le scénario.
Les seconds rôles sont bons comme celui de Sigourney Waever en tant qu’Alice Hunt la mère de Lucius, Brendan Gleeson ou encore Jayne Atkinson. Mais si il y a bien une performance qui m’a surprise dans ce film, c’est celui de William Hurt en tant que chef du village et également l’un des grand anciens fondateur de ce village et des mythes autour de « Ceux dont on ne doit pas parler ». On pourrait penser qu’il est vide et dénué d’émotion réelle étant donné l’expression de son regard à plusieurs reprises durant tout le film mais son passé est poignant et au fur et à mesure on lui découvre une véritable humanité
et les raisons pour lesquels lui et ses compères ont décidé d’instaurer ce mode de vie sans système monétaire afin de préserver la paix et l’harmonie entre ses habitants
. Et en plus de ça il est doublé en version française par le comédien Féodor Atkine qui double également Jafar du Disney « Aladdin » et Hugo Weaving dans la trilogie du seigneur des anneaux ainsi que « V pour Vendetta » est c’est juste parfait.
Mais après, puisque rien n’est parfait, il faut reconnaître que son scénario a certains défauts et quelques éléments mis de côté qui aurait pu mettre le film un peu plus à leur avantage, même si on est très très très loin de la catastrophe de « Signes » ou d’un film d’action débile sans subtilité de Michael Bay :
lorsqu’on voit Noah revenir avec des baies rouge, la couleur attirant « ceux dont on ne doit pas parler », ce dernier leur montre ou il les a trouvé et on découvre un dessin sur un rocher. Mais après… on n’en entend quasiment plus parler, alors que ce qui était dessiné aurait très bien pu être les créatures dont parlaient les anciens. Autre élément un peu bizarre, c'est lorsque Noah poignarde Lucius, comment se fait t-il qu'on n'ait rien entendu et que Lucius n'ait pas changé d'expression directement lorsque le couteau s'est enfoncé dans son ventre ? Alors peut être que dans certains cas et dans d'autres films c'est tout à fait logique mais, moi j'ais trouvé cette scène en parti foiré car elle est assez ridicule dans le sens ou Lucius n'avait même pas de réaction ou d'expression adéquate avec ce qui lui arrivait, Noah étant atteint d'autisme ses expressions sont justifié mais là, Joaquin Phénix a raté ce passage au niveau des expressions faciales. Pour finir rapidement sur les incohérences, j’ais trouvé la façon dont Lucius a réutilisé la phrase d’Ivy auprès de sa mère très maladroite, pour ne pas dire ridicule mais ça, c’est que mon point de vue.
Je ne pense pas avoir trouvé grand-chose d’autres à redire de mauvais sur ce film, l’ambiance et le scénario sont tout les deux bien installés, les personnages sont bien écrit et la plupart ont quelque chose d’intéressant et d’important à apporter à l’histoire, le Twist final est bien amené et le caméo de Shyamalan est plus discret dans ce film.
« Le village », à mes yeux : c'est son meilleur film jusqu’à présent, en espérant que les films « Incassables » et « La Jeune fille de l’eau » aient quelque chose à m'offrir eux aussi quoi que peuvent dire la plupart des cinéphiles au sujet de ces deux films.