Ce réalisateur sera définitivement le plus instable en matière de qualité d'Hollywood. Du sublime Sixième Sens au navet After Earth, M. Night Shyamalan nous en aura décidément fait voir de toutes les couleurs. Alternant un bon film sur deux, Le Village s'avère être une passerelle entre ces deux mondes.Car ce film avait tout pour réussir, un pitch de départ laissant porte ouverte à de multiples possibilités, une ribambelle d'acteurs de talents, ayant pour chef de file l'incroyable Joaquin Phoenix, ainsi qu'un budget démesuré. Malheureusement, Shyamalan nous ressert du rab de soupe de Signes, suivant exactement le même schéma narratif, le même suspens sans ne jamais, ou presque, rien montrer.Sa propension au "Je ne montre rien" peut se montrer très exigeante, lassante pour une intrigue exploitée à moitié presque décousue, mais diablement efficace quant au suspens. Puisque bien que Le Village souffre des défauts cités précédemment, le long-métrage se laisse regarder tel un fleuve tranquille, tentant de nous surprendre à certains passages, de nous émouvoir à d'autres, sans jamais perdre de vue son objectif principal.Une impression de claustrophobie y règne, on se sent intimidés et enfermés dans ce village, presque sectaire, s'auto-suffisant à sa manière, répugnant au premier degré la vie hors de ces barrières. Mais au-delà de ces préjugés, une affection presque honteuse nous prend pour ces autochtones, touchants voire émouvants.L'idée du double twist se révèle ingénieuse, ne laissant plus aucune place au prévisible, achevant sur une bonne note, pour n'en retenir que le meilleur.Le Village a un parfum d'unique et de provoquant, mélangeant avec brio tension et émotion, bouleversement et subterfuges, plans-séquences et techniques astucieuses, jeux de lumière et photographie jaunâtre parfaite. C'est avant tout une œuvre non concise, sans but particulier, qui déstabilisera aux premiers abords, mais qui vous absorbera tout comme la forêt peuplée de créatures.