Dommage que ce film contienne tant d'invraisemblances car vouloir expliquer la pédophilie sans aprioris était une très bonne idée et Kevin Bacon un acteur très bien choisi. Le sujet est très délicat à traiter, on s'en doute, de plus ici on aborde la réinsertion avec le suivi et les problèmes de rechutes que peut entraîner l'entourage. Mais quand on veut expliquer il faut être logique et cohérant... On va passer sur l'appartement en face d'une école (après tout des sollicitations il pourra en rencontrer partout) si cela peut expliquer la découverte d'un autre pédophile. Mais pourquoi corriger ce dernier et laisser dans le même temps, un père continuer à abuser de sa fille ? Et cette même fille, pourquoi elle accepte d'un étranger qu'il se mette avec elle dans la même situation que celle qu'elle n'aime pas, à raison avec son père ? Je veux bien qu'un pédophile en remarque d'autres ou même détecte une victime mais cela fait beaucoup de prédateurs autour de lui et même sa copine violée chronologiquement par ses trois frères ! Que cherche-t-elle, à poursuivre une relation avec un pédophile (la rédemption pour toute la fratrie...) ? La scène du banc est belle mais renvoyer l'adolescente qu'il convoitait chez son bourreau sans le dénoncer et se satisfaire que cette révélation lui ait fait prendre (enfin) conscience des conséquences de ses actes n'augurent rien de bon pour sa réinsertion psychologique ! Du reste après 12 ans de prison, on peut s'étonner que dans un moment de total confession, il n'avoue que des tripotages invraisemblables avec une telle durée de détention. Mais le sommet c'est l'explication qu'il donne du début de sa déviance, en plus accepté par son psy ! à 6 ans il avait déjà une attirance pour l'odeur des cheveux de sa sœur ! Or de tout ce que j'ai lu sur le sujet, il est un point sur tout le monde s'accorde : on ne né pas pédophile, on le devient (soit parce que l'on a été abusé soi-même soit à cause d'un blocage à l'adolescence pour de multiples raisons). Bon admettons qu'il ne veut ou ne peut parler de la véritable raison, mais dans ce cas pourquoi le psy lui demande si à ce moment de ses 6 ans et des 4 ans de sa sœur, il avait eu une érection sous l'émotion de cette sensation olfactive ? Pour lui faire prendre conscience de l'absurdité de sa croyance ? Là encore si c'était le cas, il n'aurait pas mis en évidence son âge trop précoce pour une telle réaction. Non vraiment peu de choses tiennent debout tout au long de ce film qui pourtant promettait. Dommage donc mais reste de multiples autres points bien abordés (la pulsion sexuelle irrésistible comme une drogue, la non conscience de choquer son propre frère pourtant le seul à l'accepter encore, par une question insensée, l'immaturité dans les rapports avec autrui, la difficulté à trouver ses marques). Il est intéressant que ce film soit réalisé par une femme pour aborder ce sujet tabou avec délicatesse mais trop d'incompréhensions de ce thème nuisent au film. Une autre réalisatrice, belge, donnera deux très bons long-métrages laissant le spectateur se faire ses propres opinions sur le sujet, ce qui je pense est préférable au fait d'asséner des contre-vérités (voir "innocence" et surtout "évolution"). Pour Kevin Bacon et pour avoir osé traiter un tel sujet avec pudeur sans voyeurisme je mets trois étoiles.