Les années 80 ne furent pas une période faste pour Al Pacino, dont les derniers films n’avaient pas trouvé leur public (on l’oublie parfois mais avant de devenir mythique, ‘Scarface’ fut étrillé par la critique et un semi-flop au box-office). ‘Mélodie pour un meurtre’ lui permit au moins de se refaire en rempilant dans un rôle taillé sur mesure, celui du flic à la dérive qui hérite d’une affaire compliquée. Il y a des choses qui fonctionnent d’ailleurs très bien dans ‘Mélodie pour un meurtre’, comme le buddy-movie entre Pacino le taciturne tourmenté et John Goodman l’inspecteur cartésien qui a les pieds sur terre, de même que le concept de traquer l’assassin, soupçonné d’être une femme, au moyen des petites annonces qu’il/elle utilise de son côté pour repérer ses victimes. Enfin, il y a le fait que le New York des années 70 et 80, quand il était bien filmé (et c’est le cas ici) possédait un charme unique qu’il a ensuite complètement perdu. On trouve aussi dans ‘Mélodie pour un meurtre’i pas mal de trucs “d’époque” qui sont plus difficiles à avaler, comme le jeu de Pacino, qui ne parvient pas à fermer sa gueule plus de 10 secondes en suivant, tel un Bill Murray des mauvais jours, et le prévisible machisme généralisé du scénario. Nonobstant les quelques caractéristiques que je viens de citer, l’enquête n’est pas non plus extraordinairement passionnante, les personnages secondaires manquent un peu d’épaisseur et c’est sans doute la raison pour laquelle la “liaison dangereuse’ entre Pacino et Ellen Barkin recourt à cet érotisme vaporeux à la ‘9 semaines ½,’ qui semble préfigurer la vague des thrillers érotiques des années 90. Bref, ‘Mélodie pour un meurtre’ se laisse regarder mais si, à l’instar de son réalisateur, il est presque complètement oublié aujourd’hui, ce n’est sans doute pas sans raison.