Malgré ses notes Allociné désastreuses "Stay" n'est pas fondamentalement mauvais, il est juste inégal. Le réalisateur, Marc Forster, ne manque ni d'ambition, ni de bonnes idées, toutefois il peine à les matérialiser et à les utiliser en vue de servir son film. En effet, en accumulant une panoplie de petites trouvailles au demeurant fort sympathiques (morphing, transitions de scènes, déplacements temporels, etc.), il handicape son film qui manque cruellement de consistance scénaristique. On le voit tenter pendant plus d'1H30 de se dépatouiller avec les nombreuses pistes qu'il a préalablement ouvertes en craignant constamment qu'il n'y arrive pas. Et ça ne manque pas d'arriver car si les dernières minutes amènent une réponse, il n'en reste pas moins que beaucoup d'éléments de l'intrigue peinent à s'articuler. Si l'on ne s'ennuie pas pendant le film, on regrette tout de même - au choix - que le réalisateur n'ait pas opté pour un peu plus de simplicité ou pour une rigueur d'écriture plus marquée. Les quelques belles réussites du film (la scène où Gosling pleure avec en arrière-plan un écran sur lequel défile les images de sa vie, par exemple) sont étouffées, comme cassées dans l'oeuf, par le trop plein d'esbroufe du réalisateur. Soucieux sans doute de bercer le spectateur dans une expérience unique, dans une atmosphère particulière, Forster délaisse ce qui ne peut l'être : la finesse du scénario. De plus, s'il arrive à créer un univers esthétiquement intéressant, il tombe quelques fois dans le piège du "cinéma épileptique" qui peut vite donner une impression de saturation et de trop plein. Personnellement, j'y adhère bien, mais force est de constater que certains réalisateurs y arrivent mieux d'autres (je pense ici, notamment, à Gaspar Noé avec "Enter the void" qui aborde le même sujet, avec les mêmes procédés, mais qui, lui, transcende totalement son film) et que Forster se perd à de nombreuses reprises, se prenant les pieds de ses propres - grosses - ficelles. C'est dommage parce que les bases étaient prometteuses, le montage bien foutu et le casting prédisait à lui seul un feu d'artifices. Au lieu de ça, on doit se contenter d'un Ewan McGregor, jamais mauvais, mais finalement bien lisse, d'une Naomi Watts à 50 % de son potentiel (après "Mulholland Drive" ou "21 grams", ça fait mal au coeur) et d'un Ryan Gosling toujours génial, mais dont on attend tellement plus.
Bref, "Stay" est un film auquel j'accorderai un second visionnage parce qu'il y a de belles idées, mais qui souffre de quelques faiblesses non-négligeables.