De particulier à particulier a été présenté en 2006 au Festival de Berlin, dans le cadre du Forum.
La notion de doute est au coeur du film. Brice Cauvin explique, par exemple, à propos du couple que forment Philippe et Marion : "Pour moi, un " couple ", ça n'existe pas. J'ai l'impression qu'on essaye de figer quelque chose qui n'existe qu'en mouvement. Un couple qui doute n'est pas un couple en voie de décomposition. Je voulais justement montrer qu'une histoire d'amour est possible malgré le doute, que l'amour se construit aussi sur des moments difficiles, fragiles. Le doute est le moteur de cette histoire, ce qui fait de Philippe et Marion des personnages vivants, avec des contours flous." De même, concernant les dialogues, il note : "J'ai écrit des dialogues dont le sens peut être multiple et que la direction d'acteurs peut sans cesse modifier." Et il justifie ainsi son choix de privilégier plans larges et fixes : "Je n'aime pas mettre l'accent sur une chose, ou une émotion. Dans un plan, je cherche à donner au spectateur des informations brutes qu'il doit trier. J'ai l'impression que ça rend le spectateur plus actif, participatif."
De particulier à particulier est le premier long métrage de Brice Cauvin, qui fut assistant réalisateur de Philippe Harel, Pierre Salvadori, Nicole Garcia ou encore Ilan Duran Cohen. Il joue d'ailleurs un petit rôle dans un film réalisé par ce dernier : Les Petits fils. Cauvin est aussi l'auteur de deux courts métrages : Faux bourdon en 1991 et Haute fidélité en 2001.
Soucieux de ne jamais verrouiller son récit, Brice Cauvin explique : "J'ai constaté qu'il y avait toujours une trahison à l'explication rationnelle des choses. Parfois les choses semblent s'expliquer, mais souvent, il s'agit d'une représentation mentale. Ce qui me plaît dans un récit, c'est que chaque spectateur puisse faire son chemin. J'ai toujours pensé que la vérité incluait une forme d'ambiguïté. C'est pour cela que je me méfie des récits linéaires. Je préfère laisser tomber les mécanismes " causes - effets ", laisser le spectateur libre de ses interprétations, choisir le premier plan ou l'arrière-plan, une explication ou une autre, qu'il comprenne que dans ce film il faut envisager les choses intuitivement... Les ellipses temporelles ont cette fonction, comme autant de trous que l'imaginaire peut investir... Ce qu'on voit est important, ce qu'on voit moins l'est tout autant, mais c'est le travail du spectateur qui est favorisé."
A propos de la peur diffuse qu'éprouvent les protagonistes de De particulier à particulier, le cinéaste livre quelques clés : "On part d'un petit mensonge amusant et ça se transforme en une peur panique... À cause des menaces d'attentats, Philippe et Marion vont éprouver un sentiment d'inquiétude plus global, celui du monde qui les entoure. Le petit mensonge amusant va ricocher sur ce sentiment d'inquiétude et prendre du coup un tour angoissant. Cet enchevêtrement va aboutir à un sentiment de grande paranoïa. Leur anxiété est si forte que pendant un temps, ils vont s'approprier cette peur collective. Jusqu'à imaginer qu'ils sont impliqués dans une histoire de terrorisme... Parfois nous devenons les histoires que nous nous racontons... Pourtant la vraie peur est ailleurs, elle est entre eux, dans leur vie à deux, leur vie avec deux enfants, un appartement à chercher et une fonction sociale. C'est ça qui est terrorisant, bien plus que les bombes... Ils se sont trompés de piste !"
Le cinéaste parle de l'écriture du scénario : "Je voulais partir d'une situation concrète pour arriver à une sorte d'abstraction....J'ai écrit seul, mais j'ai travaillé avec des intervenants : Jérôme Beaujour qui m'a permis un jeu de ping-pong très stimulant. Il a conforté le côté un peu abstrait du film, les ellipses temporelles, les dimensions de compréhension multiples... Il trouvait qu'il y avait un côté Sixième Sens dans le scénario et cela l'excitait beaucoup !! Pierre Schoeller m'a apporté le côté plus quotidien des personnages, des choses concrètes que j'ai beaucoup coupées au montages, mais qui m'avaient permis de construire le scénario. Un peu comme un châssis que j'aurais retiré."
Le rôle du médecin est tenu par Jérôme Beaujour. Quant à celui de la réalisatrice dans la séquence de doublage, il est interprété par cinéaste Catherine Corsini, auteur entre autres de La Nouvelle Eve et La Répétition.
La monteuse du film n'est autre que la soeur du réalisateur, Agathe Cauvin.
Irène Jacob avait été pressentie pour jouer le rôle principal.