Si Frayeurs est un très bon Fulci, indéniablement son métrage le plus abouti est L’Au-delà.
Coté interprétation, c’est, comme souvent chez le réalisateur, assez théâtral, très expressif, avec des excès (notamment de l’actrice principale, Catriona MacColl ou encore de l’aveugle) assez caricaturaux ou cabotins. Parfois c’est assez plombant, ici c’est plutôt bien maitrisé, même s’il faut reconnaitre que ca dessert un peu le film quand même. Par ailleurs tout le casting n’est pas au même niveau, avec d’un coté un duo MacColl-Warbeck plutôt équilibré (Warbeck tirant son épingle du jeu en étant sobre dans son jeu), tandis que d’autres, comme la jeune fille par exemple, sont franchement limites.
Le scénario de son coté est intéressant. C’est un très bon point du métrage. On retrouve le style un peu saccadé de Fulci, avec un film davantage composé de tableaux, que d’une narration fluide traditionnelle. Néanmoins, l’intrigue est agréable, il y a de superbes moments, un rythme soutenu, et comme dans Frayeurs une gradation parfaitement maitrisée qui triomphe dans un final anthologique. Je pense que L’au-delà propose une des fins les plus marquantes du cinéma. Reste quelques petites incohérences, comme ce héros qui tire désespérément dans le corps des zombis plutôt que dans la tête, même après avoir compris que c’était là le moyen de les tuer.
Visuellement, c’est un triomphe. Fulci livre une mise en scène absolument magistrale, avec des passages magnifiques. L’arrivée de la voiture au milieu du désert par exemple, sur le début du film, au moment ou McColl rencontre l’aveugle est sublime. Il parvient par son travail de réalisation à sauver des séquences aux trucages discutables (les araignées par exemple), et il magnifie les passages gores avec ses gros plans inimitables. Là-dessus il dépasse Frayeurs sans problème. La photographie est elle aussi parfaite. Le début en sépia est une grande réussite, mais la suite du film ne l’est pas moins, avec des contrastes lumineux parfaitement gérés. Le final, tout de gris et de noir est une pépite, avec une vision de l’au-delà qui scotche littéralement en un seul plan. Quelques passages un peu sombres néanmoins. Les décors, très restreints, sont pourtant très soignés. L’hôtel a vraiment une âme, un passé, on sent le poids de la malédiction qui pèse sur le lieu. Les effets gores sont faits à l’ancienne et sont à la hauteur. Ils sont pour certains franchement impressionnants, et les maquillages des zombis ne tiennent pas en deux coups de peintures vertes ! Là-dessus les amateurs seront ravis. Enfin, que dire sur la musique ? C’est une bande son magistrale, lourde, épique, tragique, lyrique, tout les sentiments passent dans la musique, et elle est littéralement envoutante. C’est l’élément grandiose du film.
Au final, que dire de L’au-delà ? Si Fulci a un chef-d’œuvre, c’est bien ce film. En dehors de quelques interprètes faiblards et de quelques éléments discutables dans l’histoire, L’au-delà est un film parfaitement maitrisé, qui appartient aux incontournables de l’horreur. Je ne pousserai pas jusqu’à 5 étoiles à cause des défauts si avant évoqué, mais à titre personnel il les vaut largement. Un très bon choix en tout cas pour l’amateur, qui désire savoir s’il est sensible au style fulcien ou s’il est irrémédiablement allergique à celui-ci.