Troisième et dernier film de la “trilogie de l’enfer� de Lucio Fulci, ‘L’au-delà’ serait, selon certains, le meilleur du lot...et par voie de conséquence, le sommet de la toute la carrière de Fulci. On y retrouve l’incontournable Catriona MacColl qui emménage dans un hôtel en Louisiane où eut lieu le lynchage d’un artiste maudit dans les années 20 et où, bien vite, les événements surnaturels vont commencer à s’accumuler. Parmi ces nombreux phénomènes paranormaux qui surviennent durant la séance, on remarque par exemple que certains personnages, comme le docteur McCabe, semblent rencontrer la jeune femme pour la première fois lors d’une scène, et en sont à Tu et à Toi dès la scène suivante : que d’autres personnages ont un statut tout aussi flou, quand on découvre soudain qu’ils entretiennent des liens très proches avec d’autres, alors que le récit ne précise jamais qu’ils se sont rencontrés auparavant ou même qu’ils se connaissent. Ou encore que lors d’une attaque de morts vivants, Fulci montre clairement les zombies se ramasser les balles sans ciller mais s’écrouler une fois touchés à la tête : le cadrage re-serré autour de l’explosion de cervelle puis sur le visage étonné du tireur indiquent de toute évidence que ce dernier a compris comment neutraliser les créatures...mais non, dans les scènes suivantes, cet abruti continue à leur tirer dans le bras ou l’épaule ! C’est que la désinvolture dont le réalisateur fait preuve vis-à-vis de la cohérence de son travail atteint ici une sorte d’apothéose. Il ne s’en défendait d’ailleurs même pas, considérant la vacuité narrative du film comme une évidence et expliquant à qui voulait l’entendre qu’il avait voulu créer une oeuvre métaphorique, “artaudienne� même, basée sur l’idée que l’horreur intrinsèque à toute existence ne se révèle pleinement que lorsqu’on accepte de la regarder en face. C’est la raison pour laquelle Fulci met toute son énergie dans la représentation de la mort des personnages du film, ici une femme égorgée brutalement par son chien, là un visage qui fond sous l’effet de la chaux vive, qu’il veut la plus répugnante possible. Même pour ces scènes-choc, les moyens restent très limités mais il y a une manière de faire qui n’appartient qu’à Fulci, un style qui renforce l’idée chez moi que ce type était foncièrement un sadique, et qui rend ces visions, si pas traumatisantes, en tout cas mémorables. Même en mettant de côté les effets sanguinolents, la vision de la jeune aveugle et de son chien plantés au milieu de la route ou la divulgation finale de la nature de cet “Au-delà� (dont on voit pourtant très bien qu’il ne s’agit que d’un simple décor de plateau, qui plus est mal éclairé) n’ont rien à envier aux scènes les plus iconiques des classiques de l’épouvante des années 70. Décidément, Fulci mérite bel et bien son statut de “plus grand réalisateur méprisé de films d’horreur méprisables�.