Si je suis ressorti particulièrement emballé de ce film, après réflexion je déchante un peu car l’histoire me pose un léger problème. Si la boxe thaï dans un court premier temps, puis le free-fight dans un second sont mis en avant, ils ne servent que de prétextes à l’histoire d’un homme qui ne voit son avenir qu’à travers le combat. "Scorpion", qui mélange les genres action, thriller et drame, ressemble plus à une aventure humaine, en proposant une réflexion sur soi-même, et pose peut-être même des questions sur la moralité, l’humilité, l’honnêteté et le respect envers soi-même et les autres. Ce sont également les ingrédients (entre autres) qu’il faut avoir dans les sports, quels qu’ils soient. Aussi, le milieu de la boxe est selon moi anecdotique. Mais ce qui me dérange, c’est qu’on ne comprend pas bien ce qui lie et oppose à la fois Marcus (Francis Renaud) et Boers (Olivier Marchal). C’est flou et pas suffisamment décrit ou alors j’ai loupé un truc. Bien que je ne me cherche pas d’excuse, il faut dire que j’ai été littéralement captivé par Clovis Cornillac dès l’entame, habitant de façon effrayante son personnage plus ou moins instable et imprévisible. Qu’il ait les cheveux longs ou rasés, à la barbe hirsute ou en impériale soigneusement taillée, qu’il soit dans les tréfonds de la société ou non, il a une gueule ! A le voir, ce comédien n’a pas l’air bien méchant, mais ici sa transformation est confondante ! Cornillac fait étalage ici de son talent, et je suis tenté de dire qu’enfin il nous montre quelque chose de grand. Alors oui, je me suis laissé entraîner par son personnage, au point d’en occulter tout le reste, ou presque. Pourtant, la très charmante Caroline Proust (vive les brunes !) ne démérite pas avec son rôle à double facette Léa/Elodie, et parvient même à faire passer de l’émotion. J’ai beaucoup aimé, bien plus que la blondinette Karole Rocher (Virginie) qui pourtant, apparait comme un ange, effectivement, pour servir une prestation honorable mis à part, me semble-t-il, la scène de sa dispute avec Angelo, un peu caricaturale à mon goût. Quant à Francis Renaud, il interprète à merveille ce petit truand sans envergure qui se donne des allures de gros dur devant les plus faibles, mais qui s’aplatit comme un chien devant les autres. Une vraie petite merde, en somme, comme on dit communément. Pour ce qui est du scénario, il n’a rien de très innovant : un boxeur qui se grille tout seul (bon il faut dire aussi qu’on l’a un peu (beaucoup ?) provoqué), un pote qui refuse sa déchéance et qui le branche avec un petit malfrat au caractère plus ou moins mafieux, gérant qui plus est d’une boîte de nuit. C’est assez cliché, c’est du déjà-vu, c’est assez convenu, la mise en scène plutôt classique, mais ça fonctionne suffisamment pour donner de la matière à la rédemption d’Angelo. Les scènes de combat paraissent bien chorégraphiées avec quelques bons gestes techniques, mais là je suis un mauvais juge car je ne connais strictement rien à ce sport. En somme, "Scorpion" vaut surtout le détour pour le rôle de Clovis Cornillac, que j’ai trouvé bluffant.