Pour développer Do The Right Thing, Spike Lee est parti d’un événement tragique, le « Howard Beach incident », qui s’est produit à New York, en 1986. "Trois jeunes Noirs rentraient tard du travail un soir, quand leur voiture est tombée en panne dans un quartier de Queens, « Howard Beach ». Ils ont marché quelques kilomètres pour essayer de trouver un téléphone et, dans une pizzeria, ils se sont fait attaquer par des jeunes Italiens armés de bâtons de baseball. Michael Griffin, l’un des jeunes Noirs, a été pourchassé jusqu’à l’autoroute et là, il s’est fait renverser par une voiture. Le scénario est inspiré de ce fait divers. Mais Do the Right Thing n’est pas vraiment une adaptation de cette affaire. Nous en avons gardé quelques éléments : les conflits raciaux entre Noirs et Italo-Américains, la pizzeria comme théâtre du drame, le bâton de baseball et la mort du jeune Noir."
Presenté en competition lors du 42 ème festival de Cannes, le film ne remporta aucun prix ce qui ne manqua pas de provoquer la colère de Spike Lee envers Wim Wenders, le président du jury de l'époque. Cette année là, la palme d'or fut attribué à un nouveau metteur en scène Steven Soderbergh pour son film Sexe, mensonges et video.
Spike Lee évoque le personnage de Mookie (qu'il incarne dans le film) et sa proximité avec ce dernier : "Je suis quelqu’un de très responsable (rires). Je n’ai jamais été marié, je n’ai pas d’enfants et je ne crois pas être particulièrement paresseux. Quoiqu’à l’école, j’étais un élève moyen. J’en faisais juste assez pour m’en sortir, un peu comme Mookie dans le film, quoi ! Mookie ne dépense pas trop d’énergie, il prend deux heures pour livrer une pizza au coin de la rue, et il en profite pour passer voir sa petite amie. Mais c’est un personnage sympathique. Ce n’est pas quelqu’un d’agressif et c’est pour cela que l’épisode de la poubelle dans la vitrine est dérangeant. D’un seul coup, on a un personnage sympathique qui pose un geste violent. En fait, c’est moi, Spike Lee metteur en scène de cinéma, qui pose un geste."
A l'époque où il n'était encore que étudiant à l'Ecole de Cinema de New York, Spike Lee avait déjà consacré un court métrage au quartier de Bedford-Stuyvesant: Joe's bed_stuy barbershop: we cut heads. Ce film avait remporté l'oscar du meilleur film étudiant.
Selon Spike Lee, la majorité des films américains sont complètement nuls. "On dirait qu’ils sont produits à la chaîne, comme des voitures. Ils se ressemblent tous. Ça me fait penser à du café instantané auquel il suffit d’ajouter de l’eau. L’originalité n’a jamais été aussi rare qu’aujourd’hui. Mais je crois que le public dans le monde entier a envie de voir des films différents, qu’il en a assez de voir toujours les mêmes choses, souvent des comédies. C’est de la consommation de masse. Avant de monter un projet, ils font des études de marché… Ces méthodes de marketing ne font pas avancer le cinéma, bien au contraire. Si vous prenez un film comme Lost Angels, tous les adultes y sont représentés de façon caricaturale et négative. Les parents qu’on nous montre ont les enfants qu’ils méritent. Le sujet est traité en surface. On désigne au public qui sont les bons et les méchants. Ce film est un exemple parmi tant d’autres. Je ne veux pas le prendre pour cible, mais il est tout à fait représentatif du cinéma américain."
On peut retrouver sur ce film ceux qui ont collaboré dès le départ avec Spike Lee: le producteur Monty Ross, Ernest Dickerson, le décorateur Wynn Thomas et le monteur Barry Alexander Brown.
On peut remarquer aussi une partie du casting de son précédent film School Daze: Ossie Davis, Bill Nunn, Samuel L. Jackson, Giancarlo Esposito, ainsi que sa soeur Joie Lee, sa compagne Rosie Perez et son père le musicien de jazz Bill Lee qui a composé la musique de presque tous ses films.
Selon Spike Lee, la musique est un des personnages de Do The Right Thing. "Quand je fais un film, j’attache autant d’importance à la musique qu’à la direction d’acteurs, au scénario ou à la mise en scène. En écrivant le scénario, j’ai toujours en tête une idée de la musique. Prenez le personnage de Radio Barjo par exemple, il y a un certain type de musique qui est identifié au personnage. Souvent, on entend d’abord la musique avant de le voir apparaître à l’écran. Mon père (Bill Lee) est musicien. C’est lui qui compose la musique de mes films. J’ai donc grandi dans un environnement familial où la musique occupait une grande place. Par ailleurs, la chanson Fight the Power revient revient 15 fois dans le film et elle pourrait être l’un des messages parmi tant d’autres. C’est le groupe Public Enemy qui l’interprète."
Spike Lee donne son point de vue tranché sur Hollywood : "Faire un film coûte énormément d’argent. Il est très difficile de trouver les fonds nécessaires. Et Hollywood est blanc. C’est un milieu très fermé où on est probablement un peu plus raciste que dans les autres milieux du « show business » américain. La présence d’Eddie Murphy et de quelques autres pourrait nous laisser croire que la porte est grande ouverte pour nous à Hollywood, mais ce n’est pas le cas. On espère cependant qu’elle est entrouverte. Les Noirs ont produit une musique formidable, nous avons de grands danseurs, de grands romanciers. Le cinéma est un peu comme la dernière frontière."