Max Rothman est un personnage de fiction profondément ancré dans l'Histoire. Né de l'imagination de Menno Meyjes, il représente un amalgame de diverses figures du siècle dernier. On retrouve en lui les traces de grands artistes européens d'avant-garde qui tentèrent d'exprimer la folie de cette ère et celle de plusieurs marchands d'art juifs qui aidèrent Hitler à vendre ses toiles. De multiples sources ont ainsi façonné le visage de Max - celui d'un homme de son temps, d'un survivant des horreurs de la guerre qu'exaltent et fascinent les promesses du futur. Le réalisateur ajoute : "Max s'inscrit dans le sillage de nombreux personnages réels, mais il incarne avant tout l'humanisme profond, l'idéalisme des Juifs européens qui culmina avant l'Holocauste".
Menno Meyjes fit le pari audacieux de concevoir un Hitler de fiction rarement vu au cinéma : un être humain dépouillé de ses clichés habituels. Il envisagea cet Hitler comme le personnage banal, effacé, que ses semblables croisèrent en 1918, lorsqu'il n'était qu'un ancien combattant miséreux, anonyme et sans avenir. Cet Hitler, dont nul n'aurait pu prédire qu'il bouleverserait le monde, est, pour quelque temps encore, un "artiste" parmi d'autres, qui s'immisce dans l'existence de Max avant d'en sortir pour prendre son terrifiant essor politique et se découvrir un pouvoir insoupçonné.
Menno Meyjes se livra à des recherches approfondies pour créer le personnage de Max et son univers contrasté. Parmi ses sources : Rites of spring : the great war and the birth of the modern age, ouvrage controversé de Modris Ekstein qui décrit l'impact de la Première Guerre sur l'avant-garde ; Shock of the new de Robert Hughes, sur la naissance et la chute du modernisme ; The Fascist revolution de George Mosse ; plusieurs biographies d'Hitler, dont Explaining Hitler de Ron Rosenbaum et Hitler 1889-1936 : Hubris de Ian Kershaw qui décrit l'ascension d'Hitler, sa sortie de l'anonymat, son accession au pouvoir dictatorial ; et Mein Kampf.
Lorsque Andras Hamori lut le script de Max, sa réaction initiale fut un rejet catégorique : "Je ne produirai pas ce film !". Bien que fortement impressionné par le scénario de Menno Meyjes, Hamori était d'autant plus réticent à suivre l'approche de son auteur qu'il appartient à une famille hongroise persécutée par les Nazis. Cependant, Max continuait de hanter Hamori, qui finit par accepter de rencontrer Meyjes, dans le seul but de lui expliquer pourquoi il ne pouvait décemment produire son script. C'est en s'attachant passionnément à Max Rothman, à sa vitalité, à son regard humoristique sur la vie, l'art et l'amour, qu'Hamori donna finalement son accord pour produire le film.
Andras Hamori et Menno Meyjes discutèrent longuement du futur interprète de Max sans parvenir à trouver l'inspiration jusqu'au jour où, en pleine réunion de travail, ils découvrirent la photo de John Cusack en couverture de Details Magazine. Le producteur se souvient : "Cela fit tilt, comme dans les histoires de showbiz les plus éculées. Nous nous sommes regardés et avons clamé en choeur : "C'est lui ! C'est Max !" Et la chance fit que John s'intéressa à son tour à ce script, s'y attacha et se battit pour lui avec un acharnement obsessionnel".
Après avoir cherché à travers le monde un décor naturel idéal pour recréer le Munich de 1918, le réalisateur fixa son choix sur Budapest. Il raconte : "Munich, aujourd'hui, est à l'exact opposé de ce que nous souhaitions ! C'est une ville moderne, pleine d'immeubles neufs et de Mercedes rutilantes. La vieille ville et ses bâtiments de l'ère du Bauhaus ne sont plus qu'un souvenir. Le producteur Andras Hamori a pensé dès le départ que Budapest, sa ville natale, serait la solution à nos problèmes. J'ai longtemps repoussé sa suggestion, mais lorsque j'y suis allé, j'ai découvert avec stupeur le Munich mythique que j'avais imaginé pour Max".