Avec Jacques Deray c’est rare d’avoir des chefs-d’œuvre, mais en général c’est un bon faiseur, c’est un fait, et il a offert quelques bons polars musclés sympathique ! Le Marginal est de ceux-là.
Ok, l’histoire est un peu lisse. En fait elle est surtout linéaire, avec un Belmondo qui va de rencontre en rencontre jusqu’à remonter jusqu’à l’antagoniste principale, distribuant coup de poing, coup de feu, et répliques badass. C’est linéaire, et peu surprenant, mais d’un autre côté le film compense par une vraie efficacité. Le rythme est soutenu, les dialogues plutôt bien écrits, et le point fort du film ça reste des scènes d’action rigoureuses et très propres. Bien filmées, bien exécutées, avec un vrai air d’authenticité, Le Marginal est en la matière bien dotée, sans pour autant renier sous des airs de films d’action son âme de polar à la française. Du coup l’ambiance urbaine un peu grise est bien là, les amateurs seront ravis !
Deray offre en effet un film formellement propre. La photographie est plutôt belle, les décors convaincants avec pas mal de scènes extérieures et une belle promenade dans le Paris de l’époque, et la mise en scène, sans génie globalement, se transcende dans les scènes d’action comme je l’ai dit. A souligner aussi une bande son efficace ! Morricone s’est appliqué, et sans offrir sa meilleure partition, on sent que c’est un atout, surtout pour nourrir l’ambiance du film.
Le casting est relevé. Si l’on excepte un Henry Silva totalement sous-utilisé à mon avis, pour le reste ça tient la route ! Belmondo est à l’aise ici, dans un rôle qu’il connait par cœur. Il ne surprend pas, mais sa sobriété et son enthousiasme sont positifs ! Dans les seconds rôles j’ai apprécié Tchéky Karyo, qui déçoit très rarement, Pierre Vernier, qui apparait peu mais marque malgré tout, tandis que Carlos Sotto Mayor tient le premier rôle féminin. Pour tout dire ce rôle est un peu inutile, mais l’actrice est belle, et elle apporte un brin d’exotisme pas désagréable finalement.
Le Marginal c’est donc du polar français sans surprise, mais bien emballé. C’est clair que le film vaut surtout pour ses scènes d’action, mais cela ne signifie pas que le reste ne présente pas un certain intérêt. Un bon Deray en somme, qui plaira aux amateurs du genre, mais qui sans doute aussi séduira un peu au-delà pour ses inspirations à l’évidence américaine. 3