J'ai mûrement réfléchi à ce qui pouvait le mieux décrire ce Classique. Et ce mot est... Supercalifragilisticexpialidocious! Il n'existe pas terme plus fantaisiste, est c'est justement ce qu'est cette pépite du Septième Art. En 1964, ma boîte préférée adapte la célèbre série de roman Mary Poppins, de Pamela L. Travers, et crée ce qui deviendra immédiatement un grand classique. Je n'avais vu qu'un petit début quand j'étais petite, mais ça ne m'avait pas intéressée (J'ai tellement honte de moi...) et je n'avais jamais daignée voir la suite. Mais quelques années plus tard, suite au baiser d'un film d'animation charmant, je me suis transformée en Disneyphile, et (re)découvrir ce film culte s'imposait à moi. Et ce fut une très belle découverte. J'ai été véritablement conquise par tout ce qu'offrait le film. Les semaines suivantes, ma soeur et moi n'avions plus que ce film en tête. Et après un second visionnage dans des conditions encore plus optimales, c'est à présent une véritable admiration que je ressens pour ce film. Mais inutile de tergiverser! Commençons donc par expliquer pleinement en quoi c'est une perle.
L'histoire parle de la famille Banks. Composée du père, George, sévère, passant peu de temps avec ses enfants, n'appréciant guère toute forme futile d'amusement. De la mère Winifred, femme sympathique et compréhensive, très survoltée, mais passant peu de temps à la maison, occupant sa vie à manifester pour la cause féminine. Et les deux enfants, Jeanne et Michael, très désobéissants, ne faisant jamais ce que leur père attend d'eux. Les deux mômes font tourner toutes leurs nurses en bourrique. Les deux enfants demandent dans une lettre alors une nounou toujours gentille, avec les joues roses, avec qui ils pourront faire toutes sortes de jeux. Leur père se débarrasse de la lettre, qui parvient malgré tout à la plus singulière des nurses: Mary Poppins! Après que cette dernière se soit fait embauchée, les deux enfants ainsi que le spectateur, se retrouvent transportés dans tout un univers magique et inoubliable!
Il est vrai que le film n'est jamais à court de bonnes idées pour nous divertir ou nous émerveiller:
que ce soit avec un rangement de chambre à travers un simple claquage de doigts, une balade dans un tableau, une course avec des chevaux de bois, un homme qui vole au plafond s'il a le malheur d'exploser de rire, une histoire étonnamment profonde sur une femme vendant pour deux pences de la nourriture pour les oiseaux, des ramoneurs dansant sur les toits des maisons...
cette nounou n'est jamais à court d'activité pour amuser les deux enfants. Ce film est un vrai spectacle, on en ressort avec de nombreux souvenirs. Mais tant de créativité, ce ne serait pas grand-chose si ce n'était pas accompagné de belles images. Mais fort heureusement, c'est le cas. Le film possède d'agréables et douces couleurs, dans des tons qui m'évoquent la pastel. Mais ce n'est pas toujours ainsi coloré.
Lorsqu'on se retrouve embarqué dans le tableau de Bert, tout devient plus vif et éclatant.
C'est encore une fois très joli à voir, et on se sent davantage happé par ce monde idyllique et extravagant. Lorsque l'ambiance du film devient plus triste, la ville de Londres parait plus grisâtre.
Et lorsque Mr Banks doit faire face au patron de la banque, la coloration noire et rouge vif des lieux donne un aspect austère qui nous fait craindre la punition qui lui est réservée.
Mary Poppins n'utilise pas que les prises de vues réelles. Il est aussi célèbre pour son mélange avec de l'animation traditionnelle. Je ne vais pas non plus dire que l'on ne remarque aucune supercherie à l'heure d'aujourd'hui... mais malgré tout, ça passe encore très bien de façon générale! Les acteurs se mêlent très bien avec cet univers animé. Les compilations de court-métrages que Disney nous offrait dans les années 40 mélangeaient souvent du Live et de l'animation, mais le fait est que c'est très vieillot et assez peu agréable à regarder aujourd'hui. Mary Poppins a la chance d'être encore agréable à l'oeil aujourd'hui (Bon d'accord, le fait qu'il soit plus récent que les compilations des années 40 y est pour quelque chose, bien entendu.). D'autant plus que l'utilisation d'animation dans le tableau et même dans certains effets spéciaux, et nom de CGI comme à l'heure d'aujourd'hui, contribue à apporter au film un charme unique. Les décors de Londres vus de haut, sont toujours représentés par la peinture et non par de vrais décors. Cela donne à la ville un côté apaisant, surtout lorsque les protagonistes admirent un coucher de soleil. Intéressons-nous à présent aux personnages. Avant de voir le film, je pensais que Mary Poppins serait ce genre de personnage tout le temps joyeux et exubérant. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un personnage très stricte, distinguée, souriant assez peu, accordant seulement un certain temps à la plaisanterie. Dit comme ça, elle peut paraître ennuyeuse. Mais c'est en fait ce qui rend ce personnage tellement drôle. Elle se retrouve sans arrêt confrontée à des choses extraordinaires, mais elle se comporte vis-à-vis de cela comme si c'était parfaitement naturel. Mais cela ne l'empêche pas d'être dotée d'une grande fantaisie. C'est une femme très intelligente, qui sait se montrer enjouée lorsque c'est le moment de s'amuser, et faisant preuve d'une grande gentillesse. Elle possède également des défauts qui ne font que la rendre plus humaine. Elle est impatiente, jalouse même si elle tache de ne pas trop le montrer, et peut même paraître prétentieuse à certains moments. Le personnage éponyme du film est donc, et je pèse mes mots, l'un des meilleurs personnages jamais crées par la boîte aux grandes oreilles. Une femme très attachante, parfaitement interprétée par Julie Andrews. Comme très bon personnage, nous avons aussi son vieil ami, Bert. On pourrait dire qu'il est le parfait opposé de Mary Poppins. Il prend tout avec amusement, s'émerveille d'un rien, passe son temps à faire le pitre. Il se montre constamment joyeux et optimiste, alors qu'il ne semble n'avoir aucune maison et se retrouve sans arrêt contraint de changer de travail. Dick Van Dyke livre une superbe interprétation du musicien/dessinateur/ramoneur/vendeur de cerf-volant. (Remarque inutile: même si je trouve qu'il ouvre trop grand la bouche quand Bert est content! Je trouve qu'il a un air beaucoup trop gogole à mon goût.) Bon après, nous avons les enfants Jeanne et Michael Banks. Il n'y a pas grand-chose à dire sur eux, ce sont de simples bambins naïfs, curieux, et aussi indisciplinés même si je connais un bon nombre de gosses qui feraient passer les enfants Banks pour des petits anges. Mais peu importe leur personnalité, on se sent proche d'eux face à leur émerveillement sur tout ce que leur fait découvrir leur nurse. Leur mère, Winifred Banks, est une femme très amusante. A cause de ses activités de suffragette, elle ne peut pas passer autant de temps qu'elle le souhaiterait avec ses enfants, mais on sent très bien à quel point elle est attachée à eux. Elle se montre plus compréhensive que son mari face aux enfantillages de Jeanne et Michael, et tente de s'intéresser à ce qu'ils font. Lorsqu'elle parle de son combat pour les femmes, elle est vraiment marrante et fait preuve de beaucoup d'extravagance. Une femme très amicale et un personnage amusant. On se souviendra également de la bonne et de la cuisinière, qui surjouent tellement qu'elles en sont hilarantes. Le sympathique amiral, avec une maison ressemblant à un navire, ayant l'idée saugrenue d'envoyer un canon à chaque nouvelle heure. L'oncle Albert qui s'envole au plafond lors de ses crises de rire. Le gendarme rêveur, semblant entretenir un certain attachement pour les enfants Banks. On ne peut pas non plus oublier la femme assise sur les marches de la cathédrale St-Paul, qui pour deux pences, offre un sac de graine pour les oiseaux. On ne sait, pour ainsi dire, rien de cette vieille dame, mais pour plusieurs raisons auxquelles je reviendrai en temps voulu, elle se révèle étrangement fascinante. Nous avons également ceux qu'on pourrait considérer comme les antagonistes du film: Mr Daws. Sr, le président de la banque dans laquelle travaille Mr Banks, ainsi que son fils Mr Daws. Jr. Ce sont d'antipathiques personnes, obsédés uniquement par l'argent, très lents à la détente lorsqu'on leur sort une blague. Par leur aspect comique (et un doublage pareil...), on ne peut pas vraiment les détester, mais on prend conscience de la tristesse et de l'ennui dans lesquels Mr Banks est coincé toute la journée, et on a envie de l'arracher des griffes de ces capitalistes. C'est d'ailleurs de lui dont je veux à présent parler. Mr Banks est un homme très sévère, avec peu de patience, n'appréciant guère que l'on occupe son temps à des choses futiles (On peut lui aussi le considérer comme l'antagoniste, ça dépend du point de vue). Il passe ses journées à travailler dans une banque sinistre, et accorde au final peu de temps à ses enfants. Ce n'est pas non plus une mauvaise personne. Lorsque ses enfants tentent de l'aider, il est véritablement ému, et il se montre très enthousiaste lorsqu'une occasion de se rapprocher de Jeanne et Michael se présente. C'est un homme enfermé dans une cage, ne voyant pas plus loin que le bout de son nez, ne connaissant pas les bienfaits que peuvent procurer l'amusement et la rêverie. On pourrait croire que ce sont les enfants que Mary Poppins est venue sauver. Mais les sauver de quoi? D'un monde ennuyeux? Ils n'y étaient déjà pas, de toute façon. Ils n'ont jamais tenté de suivre la voie de leur père, et un simple cerf-volant suffisait déjà à les amuser. Par l'intermédiaire de Jeanne et Michael, Mary Poppins tente de sortir leur père d'un monde fastidieux et triste, où l'imaginaire n'a pas sa place. Ce film contient un grand nombre de personnages mémorables et bien écrits. Mais ce n'est pas forcément eux qu'on retiendra le plus une fois le film fini. Ce sont les chansons. Mary Poppins est une comédie musicale composée d'un grand nombre de chansons. Ces dernières étant très nombreuses, cela ne pourra pas plaire à tout le monde. On pourrait penser qu'elles ralentissent le récit, mais elles ont presque toutes un intérêt dans l'histoire. Elles sont composées par deux de mes idoles, les frères Robert et Richard Sherman (je les admire notamment pour leur travail sur Les Aristochats ou Le Livre de la Jungle). Et ils signent sans aucun doute leur meilleure bande-originale. On a la célèbre Chem Cheminée, qui revient sous une version différente à presque chaque apparition de Bert. Elle contient une mélodie très sympathique et marquante, faisant bien ressortir l'optimisme de Bert. Les Soeurs Suffragettes est dynamique et drôle, présentant le caractère déterminé et survolté de Winifred Banks. L'air de cette chanson fait son apparition dans la chanson Prenons le Rythme lorsque Mrs Banks se mêle à la chanson, faisant de cette chanson le décor sonore de la jeune dame. Vient ensuite, Je Vis et Mène une Vie Aisée, présentant le personnage de George Banks, démontrant avec une mélodie sympathique sa personnalité fière. Encore une fois, l'air se reconnaît à certaines présences du personnage. Bon, la chanson suivante est Petite Annonce pour une Nounou, où Jeanne lit en chantant la lettre qu'elle a écrite avec son frère pour trouver la nurse de leurs rêves. C'est mignon mais ça n'a rien de mémorable. Mais heureusement, celle qui suit est une des meilleures du film: Un Morceau de Sucre. Une superbe chanson, avec un rythme entêtant et des paroles mignonnes tout plein, expliquant que même en travaillant, on peut trouver le moyen de s'amuser.
(C'est pour ça que Mr Banks chante cette chanson quand il quitte la banque: il décide finalement de suivre son message.)
Quelle Jolie Promenade avec Mary est une jolie chanson, contenant une jolie mélodie sachant rester en tête. La partie avec les animaux qui chantent vaut le détour. Ensuite, c'est au tour de la chanson avec le mot qui qualifie le film: Supercalifragilisticexpialidocious. Bon, à cause de mon frère et de ma soeur, je me suis rendue à quel point cette chanson lasse vite. Mais en faisant impasse là-dessus, elle n'en est pas moins entraînante et inoubliable. (et quand on sait prononcer le mot, on se sent tout fier, je sais de quoi je parle) Bon, Ne Dormez Pas n'est pas très marquante. Ensuite, vient C'est Bon de Rire, qui présente le personnage de l'oncle Albert. (je ne vais pas encore répéter ce qu'il lui arrive quand il rigole) C'est assez amusant mais encore une fois, l'air n'est pas forcément mémorable. Mais fort heureusement, nous avons aussi... la magistrale Nourrir les P'tit Oiseaux! Il n'y a rien d'étonnant à ce que soit celle que Walt Disney affectionnait le plus. Cette chanson raconte l'histoire de la femme aux oiseaux, qui s'assoit sur les marches de l'église, et vend des graines pour donner à manger aux oiseaux. Oui, c'est une histoire qui à première vue, parait des plus banales. Mais les paroles se révèlent très profondes, la voix de Mary est triste, et la musique est très puissante, s'envolant aussi haut que les oiseaux, et évoquant une musique d'église. On se sent alors incroyablement fascinés par cette bonne dame, dont le seul désir est que les gens puissent nourrir les p'tits oiseaux. Si l'on ne voit pas plus loin que le bout de notre nez, on restera insensible, on ne verra que la banalité de cette histoire. Mais si on accepte de se laisser séduire par cette étrange profondeur, on en vient à vouloir venir en aide à cette femme. Après, je n'aime pas beaucoup Deux Pences, que je trouve plate et peu entrainante. Parmi les meilleures chansons du film, nous avons également Prenons le Rythme! La longueur de cette chanson ne plaira pas à tout le monde, mais en ce qui me concerne, je l'adore tellement que je n'ai jamais envie qu'elle s'arrête! Elle possède (ben tiens!) un super rythme donnant envie de danser dans tous les sens, elle est tellement drôle, dynamique et enjouée. Elle a beau durer huit minutes, je ne peux pas m'ennuyer devant autant de spectacle. Un Morceau de Sucre et Je Vis et Mène une Vie Aisée ont droit à une reprise commune avec la chanson L'Homme Rêve. Je ne suis pas fan des chansons trop lentes, mélangés plusieurs fois par des moments parlés, mais c'est une question de goût personnel, car cette chanson n'a pas besoin d'être plus dynamique. Dans cette séquence chantée, Bert explique à Mr Banks qu'ils faut savoir accompagner notre travail d'amusement, en reprenant la chanson de Mary Poppins. Qu'il faut profiter de la vie, et profiter de la présence de ceux qu'on aime car un jour ou l'autre, ils partent. C'est une très bonne idée de mélanger ces deux chansons, l'une prônant le travail, l'autre l'amusement, cela donne une opposition très intéressante. Et la dernière chanson du film, Laissons-Le s'Envoler, est clairement une des meilleures. L'air est joyeux et optimiste, et me donne l'impression de tournoyer, tel un cerf-volant. Une bien charmante chanson pour terminer le film! Au niveau des chorégraphies, le film fait aussi un très bon boulot. Quand je vois Mary et Burt danser sur la chanson au-mot-trop-long-que-je-ne-vais-pas-écrire-car-il-est-parfaitement-atroce-et-que-j'ai-la-flemme, j'ai envie de reproduire leurs pas. Mais on retiendra surtout les chorégraphies de Prenons le Rythme, qui partent dans tous les sens, sont très dynamique et créatives. C'est en partie pour ça que je suis incapable de m'ennuyer dans cette séquence. Le film se montre la plupart du temps très théâtral et exagéré, mais cela va parfaitement avec le ton voulu. La première fois que j'ai vu le film, l'humour m'avait parfois semblé lourd, mais pourtant lors de mon second visionnage, j'ai passé toute ma séance à rire aux éclats (même pour la blague du gars avec une jambe de bois qui s'appelle Smith). Par moments ça peut paraître lourd, mais une fois qu'on s'y est fait, (si on arrive à s'y faire, l'humour ça reste subjectif) cela peut être très amusant. Mais le film n'est pas seulement drôle. Il peut se révéler très dramatique.
La scène où Mr Banks se rend à la banque, qui est une des meilleures scènes du film, en est le parfait exemple. On ressent beaucoup de peine pour ce personnage, qui est sur le point de perdre son emploi, alors que son travail représente tout ce qu'il a. Les sombres décors, et l'accompagnement en musique de Nourrir les P'tits Oiseaux accentuent davantage la détresse de Mr Banks. Et le moment où il se rend aux marches où se tenait autrefois la femme aux oiseaux, et qu'on constate qu'elle n'est plus là (avec la musique de sa chanson qui retentit plus fort), est très étrange, presque inquiétant. Le Nostalgia Critic, tout en pensant faire probablement une surinterprétation, a toujours vu cela comme si elle était morte. Et je ne trouve pas ça idiot. La chanson de cette dame m'a toujours donné l'impression que cette femme était proche des cieux, qu'ils commençaient déjà à lui tendre les bras. Et on repense à la chanson L'Homme Rêve et aux paroles de Bert. Il faut profiter de certaines choses parce qu'un jour elles repartent, elles s'envolent.
Le film nous apprend à ne pas rester enfermé dans le côté difficile de la vie, et à savoir accepter d'y mêler un brin de légèreté. Et grâce au caractère stricte de Mary Poppins, on comprend qu'on ne doit pas non plus vivre uniquement d'amusement et à savoir prendre avec sérieux certains événements. Donc, ce film mérite son titre de Classique! C'est un film unique, un chef-d'oeuvre intemporel! C'est un de mes Disney Live préférés, et il est intéressant de noter que mon favori est Dans l'Ombre de Mary, le film qui lui rend hommage (Si vous êtes fan de Mary Poppins, je vous conseille fortement ce film! Une fois qu'on a vu celui-là, Mary Poppins parait encore mieux.) Et qu'est-ce que je pense de la suite qui a été annoncée il y a quelques mois? Et bien, je trouve ça parfaitement ridicule. Il y a beau y avoir eu plusieurs tomes, Mary Poppins a été conçu pour être fait en un seul film. Et que sera ce film sans l'interprétation de Julie Andrews? Et comment seront les chansons sans les frères Sherman? Et surtout... comment peut-on réussir à sortir un film de ce genre à l'heure d'aujourd'hui? Le public actuel trouverait ça beaucoup trop niais. Et si la suite s'éloigne de ce qui faisait le charme du premier et pond un truc plus tendance, c'est la catastrophe. Enfin, quelle sera la qualité, l'avenir nous le dira...