C’est grâce à la fille de Walt Disney que "Mary Poppins" fut adapté au cinéma. "Mary Poppins", c’est d’abord une série de romans écrits par la romancière Pamela Lyndon Travers dont Disney fera part de son envie d’adapter un de ses romans sur grand écran. Un non catégorique pour la romancière qui ne croit pas qu’un projet puisse être faisable. Travers ne voulait surtout pas que l’on chamboule ses romans, qu’on dénaturalise son œuvre. La romancière voyait aussi d’un mauvais œil Disney qui n’était pour elle qu’un producteur de cartoons. Revenant à la charge sans cesse vers elle, faisant même venir chez elle son frère pour négocier les droits, la romancière ne veut pas qu’il touche à son œuvre. Ce sera quelque temps plus tard, lors d’une rencontre face-à-face que Travers donnera son accord pour l’adaptation d’un de ses romans. Seulement, elle posera plusieurs conditions et aura un droit de regard sur le scénario, la production du film et pourra par la même occasion décider de retirer ce qu’il ne lui plaît pas. Disney acceptera ses exigences mais tentera d’en contourner certaines, notamment sur certaines séquences combinant prises de vues réelles et dessin animé. "Mary Poppins" sera aussi le film dans lequel il sera le plus impliqué et jouera donc un rôle très important dans le développement du film, son tout dernier film. A sa sortie, en 1964, "Mary Poppins" sera encensé par les critiques du monde entier. Un des plus important succès de l’histoire des studios Disney, battant tous les records au box-office cette année-là. Le film raflera par la même occasion cinq Oscars (meilleure actrice pour Julie Andrews, meilleur montage, meilleurs effets spéciaux, meilleure chanson pour "Chem cheminée" et meilleure musique). La bande originale du film sera elle aussi un vrai succès et s’arrachera à plusieurs milliers d’exemplaires. Un film qui deviendra un vrai phénomène, une vraie pépite intemporelle, un chef d’œuvre qui résume parfaitement la créativité de Walt Disney. Nous sommes à Londres, plus précisément dans un quartier résidentiel où vivent dans une riche demeure un banquier, son épouse, et leurs deux enfants, Jane et Michael. Tous les deux trop occupés à gérer leurs affaires délaissent leurs enfants qui ont le don de tourner en bourrique toutes les nurses chargées de s’occuper d’eux. Le jour où la dernière nurse embauchée commet l’irréparable en perdant de vue les deux enfants, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et Monsieur Banks compte bien s’occuper du recrutement de la prochaine nurse qui devra avoir des références bien précises. Seulement les enfants ont eux aussi leur propre idée de la nurse rêvée et rédigent eux aussi une annonce que Monsieur Banks s’empresse de déchirer et jeter dans la cheminée. Le lendemain, de nombreuses nurses attendent devant le domicile des Banks. Soudain, le vent se lève, provocant une bourrasque qui balaye toutes les prétendantes. Et là, descendant du ciel, se présente une autre candidate, une nurse bien différente des autres : Mary Poppins. Là ici et encore, comme la plupart des films Disney, on a encore un film qui vous apprend la valeur de la vie. Ce qui est important, ce qui ne l’est pas, ce qui est juste, ce qui ne l’est pas. Je crois qu’on ne peut pas faire un film aussi joyeux, aussi magique et aussi profond que celui-ci. Qu’est ce que l’on doit surtout retenir de ce film ? Mary Poppins bien entendu qui aura un impact sur la famille Banks. On nous montre que les enfants ont besoin d’amour et d’attention. Tout ce que ne faisait pas George Banks. Mary Poppins a une mission : sauver une famille dirigée d’une mauvaise manière. Un père trop strict, une vie calculée à la minute près, glacial, presque cruel, ayant réponse à tout, n’aimant pas les enfantillages, n’accordant aucun geste de tendresse envers ses enfants ou sa femme et voulant presque faire de ses enfants que des adultes responsables. Quant à leur mère, ce n’est guère mieux. Une mère suffragette "militante pour le droit de vote des femmes" peu concernée par la vie de ses enfants. Jane et Michael ont beau vivre dans une magnifique maison, avoir les plus beaux jouets et vêtir les plus beaux vêtements, ils ont surtout besoin d’avoir des parents aimants. Heureusement, Jane peut compter sur Michael et inversement. Un frère et une sœur qui ne se séparent jamais mais n’arrivent pas à s’épanouir. L’arrivée de Mary Poppins dans leur vie apportera un vent de fraîcheur dans la maison des Banks. Comme il est si bien dit dans une des chansons du film, elle change le pain et l’eau en thé et cake. La jeune femme deviendra plus qu’une nounou, elle sera une mère de substitution pour Jane et Michael. Ce n’est pas le seul élément qui fait de Mary Poppins une nounou bien différente de tout ce que l’on peut imaginer. En effet, Mary Poppins semble posséder des pouvoirs magiques qui rendront les enfants stupéfaits. Des folles aventures, des aventures inimaginables, ils vont en vivre en compagnie aussi de Bert, un musicien de rue qui jouera lui aussi un rôle important dans notre histoire puisqu’il sera en quelque sorte un père de substitution et la voix de la raison. Sous ses airs de pitre, se cache un homme rempli de sagesse. Julie Andrews est d’une beauté et d’une élégance sans pareille et interprète avec beaucoup de justesse et de sincérité notre nurse. Certes Mary Poppins est une femme stricte, autoritaire, un caractère fort, mais pourtant, sa grandeur d’âme, sa bonté, ne sont pas à démontrer. J'ai toutefois noté quand même un petit point négatif sur sa personnalité : elle aime qu’on lui tienne des propos élogieux à son égard. Mais Mary Poppins nous montre aussi qu’elle est plus qu’une simple nurse s’occupant d’enfants. Elle est une confidente, une amie, elle n’a pour objectif que de rendre heureux les enfants et leur donner une autre vision du monde. La première rencontre entre elle et les enfants sera pour le moins merveilleuse lorsqu’ils la verront descendre des nuages en parapluie mais par la suite, être surpris de la voir glisser la rampe de leur escalier pour arriver devant eux. Pour elle, il n’y a rien de surprenant, pour eux, ce n’est absolument pas commun. Et ce qui ne sera pas non plus commun sera aussi les autres événements qui se dérouleront par la suite. Le petit sac de Mary Poppins contenant des objets tellement volumineux qu’on se demande comment ils tiennent tous dedans, la drôle de manière de Mary pour aider les enfants à ranger leur chambre, ne seront qu’un début, qu’un avant-goût de ce que la nouvelle nurse est capable de faire. Les enfants apprendront à se tenir convenablement, à être respectueux, mais de façon ludique. Mary Poppins comblera le manque, le vide qu’il y a dans cette maison pourtant constituée de beaucoup de personnes (la famille Banks mais aussi les domestiques pas très amicaux). On apprendra furtivement que ce n’est pas la première fois que Mary descend du ciel pour s’occuper d’enfants. En effet, le musicien de rue, Bert, semble être un ami de longue date, mais semble aussi connaître les dons qu’elle possède. En parlant de Bert, interprété par le grand Dyck Van Dyke, c'est un personnage qui est charismatique, apportant en prime ce petit grain de gaieté par ses pitreries mais aussi ses danses fabuleuses. Un personnage qui change d’emploi comme de chemise. Un coup musicien de rue, un autre ramoneur, y a-t-il un quelque chose qu’il ne sache pas faire ? Bert sera, comme Mary Poppins, une sorte de confident pour les enfants. Notre protagoniste ne sera pas le seul personnage attachant. Jane et Michael, interprétés par Karen Dotrice et Matthew Garber, jouent eux aussi de manière sincère. Il y a cette forte connexion entre eux, Mary et Bert, qui crève l’écran. Ça respire la sincérité, rien n’est exagéré. David Thomlison qui interprète Monsieur Banks est au départ tout ce qu’il y a de détestable et de cruel, mais on finira par vite comprendre qu’il ne faut pas se fier aux apparences et que notre pauvre homme subit beaucoup de pression du côté de son travail. Tout comme Winifred très engagée en tant que suffragette mais qui n’a pas un rôle si effacé. Elle aussi apporte de la joie au film. Tous, que ce soit les domestiques grognons mais amusantes (Ellen et Mrs Brill), l’oncle de Mary (l’oncle Albert qui est collé au plafond à force de rire), Monsieur Dawes (interprété par Dick Van Dyke déguisé et complètement déjanté) le patron de George Banks, l’amiral Bloom (installé avec Monsieur Boussole, son second, dans une maison où un morceau de bateau est à la place du toit), Robert ( un chien du quartier dont Mary Poppins comprend les aboiements), apportent une pierre à l’édifice du film. Tout ce petit monde apporte un gros plus. Concernant la bande-son, je le conçois, ça chante beaucoup. Certains, certaines, pourraient y voir du coup un côté mièvre. Mais c’est ce qui fait le charme de ce film et lui apporte toute cette gaieté. L’envie de danser n’aura jamais été aussi forte que pour ce film. Les chorégraphies sont d’ailleurs surprenantes (celle de la séquence de danse avec les ramoneurs est cultissime). Chaque chanson, chaque parole a une signification bien importante. Certaines sont rythmées, d’autres plus calmes, d’autres vous donnant envie de danser, d’autres émouvantes. Chacune vous parlera forcément. Ce film tisse un lien avec le spectateur dès le début grâce au personnage de Bert qui établit une connexion avec nous, comme si nous recherchions la demeure des Banks. Une idée pour le moins originale et presque interactive qui nous fera rentrer dans le film comme si nous y étions. Ce film, on le vivra. Bert sera le seul personnage en contact avec nous (mais juste le temps de deux séquences). C'est d’ailleurs clairement mon personnage préféré du film, c'est un gars vraiment adorable, extrêmement sympa, gentil, drôle, sincère et délicat, sensible, doux, attentionné, charmeur. Pour le reste du film, on appréciera grandement des scènes en prises de vues réelles mélangées à de l’animation (l’interaction entre acteurs et personnages animés est incroyable). Dans ce film Disney, on a tous les ingrédients d'un magnifique Disney come on les adore : de la magie, de l’imagination, de la féérie, une beauté poétique, des chansons fantaisistes, des danses fabuleuses, des acteurs impliqués et parfaits, des effets spéciaux incroyables (rien que la séquence du passage dans le tableau peint par Bert est un vrai bijou), des décors et une ambiance fabuleuses, tout ce qui fait que Disney est magique est là. On suit les aventures de Jane, Michael, Mary Poppins et Bert avec beaucoup de passion pour un film amusant, humoristique à vous en faire rire de joie, dramatique, fantastique et enchantant. C'est un film qui atteint la perfection sans aucun problème. Quant aux répliques, aux dialogues, aux musiques, aux séquences, elles sont marquantes. Le film parlera aussi bien aux petits comme aux plus grands. Quand on voit le film avec notre vision d’adulte, on voit en lui quelque chose de métaphorique avec des chansons ou même des séquences qui deviennent un symbole. Certaines symbolisent le symbole de l’amour, d’autres le bonheur, ou encore la joie de vivre. On passe un moment tellement agréable que l’on voudrait qu’il ne se termine jamais. Un chef d’œuvre du septième art à voir et à revoir, et que je regrette d'avoir vu si tard