Stuart Gordon qui adapte H.P. Lovecraft ? Et bien en voilà une surprise, ça ne sera que la quatrième fois que notre cher ami illustre sur pellicule l’œuvre du créateur des Grands Anciens. Alors, cette fois-ci c’est à « Dagon » et surtout « Le Cauchemar d'Innsmouth » qu’il s’attaque. Je ne vous cache pas que, en tant que grand fan de l’œuvre de Lovecraft, j’étais impatient de voir la « chose ». Et bien, et ce malgré quelques petits changements non gênants (notamment le fait que l’action se situe sur les côtes espagnoles), il est agréable de voir un si bon respect de la nouvelle originale : le village d’Imboca (traduction espagnole assez capillotracté d'Innsmouth) possède une architecture proche de l’Innsmouth de la nouvelle et possède une atmosphère glauque assez étouffante, l’ancien navigateur qui a poussé la populace à renier la religion catholique pour vénérer un culte païen, la présence du vieillard alcoolique, la révélation de l’identité du héros…De ce côté-là, on ne peut rien reprocher au scénariste (qui a déjà travaillé avec Gordon sur "Re-Animator" et "From Beyond"). On ne peut pas reprocher grand-chose non plus à la réalisation : sans être un chef-d’œuvre de mise en scène et de montage, Gordon nous propose un travail sobre et assez appliqué. Non, le véritable problème (et c’en est un quand on s’attaque à Lovecraft) ce sont ses effets spéciaux : il est fort décevant de voir comment le bon (les peaux arrachées, certains maquillages faciaux, des membres accrochés à une barre métallique) peut côtoyer le risible (de la synthèse dégueulasse, des prothèses grotesques qui font vraiment trop « caoutchouc »). C’est vraiment dommage car ça nous sort totalement de l’ambiance du film de telles erreurs…merde, même Dagon (enfin, je suppose qu’il s’agit de Dagon !) n’est qu’une immonde bouillie en CGI totalement vomissable (et pourtant on ne le voit que deux secondes à l’écran !!) Le seul véritable moment de bravoure dont on se souviendra, c’est cet incroyable et gore arrachage de visage. Voilà, "Dagon" est une adaptation honnête de l’univers de Lovecraft mais qui aurait pu être encore mieux avec des FX réguliers tout au long du film. Certes, le budget n’était pas énorme (moins de 5 millions de dollars) mais ce n’est pas une raison : d’autres films avaient un petit budget et on fait des merveilles en terme d’effets spéciaux ("Ring" d’Hideo nakata et son million de dollars, "Saw" de James Wan et ses 1,2 millions de dollars, "Vendredi 13" de Sean Cunningham et ses 500 000 dollars, "Freddy, les Griffes de la Nuit" de Wes Craven et ses 1,8 millions de dollars, "La Colline à des Yeux" toujours de Craven et ses 230 000 dollars….). Pour les fans de Lovecraft et les amoureux d’ambiance malsaine, "Dagon" vous divertira sans problème ; pour les amateurs de sensations fortes ou les mordus de gore, passez votre chemin !