C'est à Metropolis, une mégalopole futuriste où humains et robots cohabitent, qu'un inspecteur japonais, accompagnée par son jeune neveu, vient enquêter sur les activités louches d'un savant...
Finalement on est assez loin d'un remake animé du Metropolis de Fritz Lang, ce à quoi je m'attendais, et, l'auteur ne s'étant inspiré que d'une photo du chef d'oeuvre du cinéaste allemand lorsqu'il a créé le manga en 1949, on y retrouve uniquement le même univers et l'idée de base de la femme-robot. Rintarō prend d'abord le temps de bien mettre en place cet univers avec de hauts gratte-ciel à perte de vue, un rôle primodiale de la technologie et une répartition des classes bien définies, avec des robots servant d'esclaves pour les hommes et faisant le dur labeur. Un univers sublimé par la qualité des dessins, que ce soit sur les personnages, notamment les inoubliables yeux verts du robot, ou la ville de Metropolis, et la fluidité de l'animation, réservant quelques séquences de toutes beautés et inoubliables.
Mais la force de Metropolis, c'est de dresser le portrait de personnages consistants et intéressants, à commencer par le mystérieux et mégalo méchant, cachant ses projets pour mieux diriger la ville dans l'ombre et souhaitant créer un robot prenant les traits de sa fille disparue et capable de dominer les humains. Personnage dont les apparitions sont d'abord limitées et Rintarō laisse régulièrement planer le mystère sur ses intentions et l'explication de ses actes. Mais c'est sa création, ce robot fascinant qui, contrairement aux intentions qui lui étaient d'abord destinées, va découvrir la vie via le neveu d'un détective et ressentir des émotions, tout comme nous. Les autres personnages, tels que Rock, le fils adoptif et jaloux du Duc ou l'enquêteur, apportent eux aussi de la richesse au récit et aux liens que vont tisser les protagonistes entre eux. Tant dans les personnages, que les dialogues ou l'avancement de l'histoire, Metropolis dévoile une belle qualité d'écriture, évitant tout manichéisme et sachant aborder divers thèmes sans nuire à l'intrigue et aux protagonistes.
Là où Rintarō se montre aussi brillant, c'est dans sa mise en scène et l'atmosphère qu'il met en place. D'abord ambigu et intriguant, le mystère est de plus en plus fort et vient se mêler à la fascination, que ce soit pour certains personnages mais aussi ce monde, très bien exploité, et qui fait froid dans le dos. Toujours en donnant de l'importance au côté thriller, il bascule aussi dans des réflexions sur le rapport entre l'humain et la robotique mais aussi dans quelques moments lyriques et poétiques magnifiques ainsi que dans le drame où la puissance émotionnelle et tragique est présente, que ce soit à travers un androïde capable de ressentir des sentiments ou même d'un père marqué par la disparition de sa fille, négligeant par la même occasion son fils adoptif. L'ambiance bascule parfois dans la folie, à l'image de toute la dernière partie, et c'est totalement prenant, le tout est en plus rythmé par une partition jazz ou parfois une bande-originale inquiétante à souhait. Rintarō n'en oublie pas non plus la tension et le côté palpitant de cette aventure, sachant prendre son temps lorsqu'il le faut et retranscrire toute la nervosité ou le côté désespéré des enjeux.
Quelle claque ! Et ce à tous les niveaux, que ce soit dans l'écriture, l'animation ou la mise en scène. Rintarō met en place l'univers du Metropolis de Lang pour livrer une histoire aussi fascinante que touchante, poétique et intelligente. Brillant.