Julia Roberts est si connue, d'une part parce qu'elle n'a pas changé en quarante ans, mais aussi parce qu'elle a toujours l'air de se jouer elle-même. Pas avec le sourire de Mona Lisa toutefois, qui ne peut guère être aussi large que le sien. C'est avec prestance qu'elle endosse le rôle de la professeure dans une sorte de Cercle des Poétesses disparues ou la décennie d'après-guerre va être le témoin d'un virage éducationnel.
Prédestiné à Harry Potter par son côté littéralement vieille école, le transfuge de Cambridge qu'est Newell n'a pas grandes difficultés à arborer les couleurs conservatrices de Wellesley, même si ses actrices et son distributeur sont plutôt Columbia. Une colombe dont on aurait besoin pour adoucir le choc des générations, s'il avait été virulent ; en effet, il préfère se le réserver comme avant-garde, traitant comme sa vraie armée l'engagement féministe qui s'étale sur le scénario avant de jaillir au générique de fin sous la forme d'images d'archives rappelant la place aussi prisée qu'étroite occupée par les femmes dans les États-Unis d'avant le flower power.
L'enseignement filmique est aussi digne d'intérêt que ceux que sert le personnage de Roberts, mais pas aussi bon. Il y a des concessions par les facilités prises dans la formation des couples, leur dissolution, la méchanceté, voire l'apparition et la disparition de certains acteurs (l'absence prolongée de Marcia Gay Harden n'est pas pour rien dans ce sentiment). On se rattrape aux branches d'un dosage très pertinent dans les set-up / paybacks : les questions qui nous font garder le rythme sont toutes résolues, et à temps. Mais d'un autre côté, l'avance dans l'année scolaire de Wellesley est assez mécanique, en manque du charisme robertsien, et grince à la sélection élitiste des actrices principales, dont la sublime candeur insuffit à rendre l'image humaine à toute l'école.
Newell nous aura servi des gros plans de la personnalité, sans les détails nécessaires, au lieu du plan large, façon photo de classe, qu'il aurait fallu à son film engagé.
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