Ah Conan le barbare... le film tiré de l'univers littéraire de R. E. Howard. S'il y a une liste de films dont le statut de "culte" est controversé, celui-ci en fait certainement partie. La faute à plusieurs éléments qu'il convient d'aborder un par un. Premièrement : le genre, l'Heroic-Fantasy, est vraiment restrictif. Un truc de geek. Il faut aimer les épées, les magiciens, les monstres... bref, il faut adhérer à ce genre d'aventures, ou savoir passer outre. D'autant que chez Howard, point de grande histoire alambiquée à la Game of Thrones : c'est simple et brutal. C'est un monde dur, sans pitié, sans place pour les faibles. Deuxièmement : l'acteur principal, Schwarzenegger et son jeu balbutiant. Il sort du monde du culturisme et n'a pas beaucoup de phrases à prononcer. Mais en y regardant bien, ce n'est pas un problème : il interprète un barbare qui n'a aucune culture, sauvage et instinctif. Son inexpérience sert son personnage à merveille tout autant que ses muscles. Mais il serait injuste de ne pas lui reconnaître un charisme déjà évident, une "gueule", un magnétisme, avant même qu'il ne fasse la carrière qu'on lui connait. Ce n'est pas un acteur qui laisse indifférent et les personnages secondaires, bien qu'inégaux, restent corrects dans l'ensemble (mention particulière à Earl Jones). Troisièmement : le scénario ne casse pas trois pattes à un canard (dans le genre, le Seigneur des Anneaux est plus sophistiqué). C'est vrai, mais il est très cohérent, efficace et facile suivre. Il est aussi très fidèle aux romans (l'adaptation au cinéma n'est pas toujours chose aisée). C'est une simple histoire de vengeance et d'amour, mais on y adhère. Quatrièmement : la réalisation et les effets spéciaux frôlent parfois le film de série B. Parfois oui, car la technologie était ce qu'elle était en 1982 et que John Milius manque de constance. Mais parfois seulement. Pour le reste, les éclairages, la narration, les silences, les lenteurs ou ralentis savamment dosées, les scènes d'actions bien travaillées et sans trucage, confèrent au film une atmosphère sombre et sauvage qui règne du début à la fin. Conan c'est aussi cette scène d'introduction captivante filmée dans un clair-obscur, opposant l'ombre et la lumière, le chaud et le froid, suivi de l'attaque du village dont la dernière scène est un cas d'école de réalisation. Enfin, Conan ne serait pas ce qu'il est sans cette musique, que dis-je, cet opéra de Basile Poledouris, œuvre monumentale considérée comme l'une des plus belle du 7e Art qui magnifie l'histoire au paroxysme de l'épique. Comme un bon vin, les qualités de ce film se renforcent avec le temps, les défauts non. Culte.