Enfant, Conan voit son village massacré par des pillards. Il deviendra esclave, puis guerrier dans une quête vengeresse. "Conan the Barbarian" est peut-être le premier film d'héroic fantasy sérieux, et restera l'un des seuls avant l'adaptation de "Lord of the Rings" en 2001. En effet, bien que le film de John Milius ait été allègrement copié dans les années 80, aucun de ses successeurs de lui est arrivé à la cheville. La raison tient d'abord à la qualité de la mise en scène de Milius, qui propose un univers crédible et plutôt joli. Costumes et décors sont convaincants, et l'on notera quelques idées sympathiques (notamment la secte des méchants, tournant autour des serpents). Il y a aussi la violence prononcée du film et quelques idées noires, qui renforcent l'aspect d'un Âge fictif où les Hommes sont particulièrement brutaux. Le scénario signé Oliver Stone est par ailleurs intéressant, a fut à sa sortie largement interprété par les critiques, qui y virent tout un panel de thèmes (culte des armes, ode à la masculinité ou au surhomme de Nietzsche, métaphore de la politique interventionniste de Reagan !). Quant à Arnold Schwarzenegger, l'acteur était clairement limité dans son jeu en début de carrière, mais en était conscient, et le réalisateur aussi. Si bien que le chêne autrichien utilise surtout des postures, sa carrure, et quelques expressions, qui parviennent à faire de "Conan" un personnage simple mais charismatique et cinégénique. Le succès du film lancera d'ailleurs la carrière de Schwarzenegger au cinéma. Face à lui, James Earl Jones campe un étonnant leader de culte néfaste, tandis que Sandahl Bergman joue une guerrière vivace et intelligente (de tels personnages féminins d'action étant assez rare à l'époque). Enfin, on ne peut pas parler de "Conan" sans évoquer sa sublime BO épique composée par Basil Poledouris, qui comporte quelques très beaux thèmes, et une instrumentation qui inspirera sans doute Howard Shore pour "Lord of the Rings". Elle fait notamment tout son effet dans les quelques passages lents voulus par le réalisateur, où les personnages se contemplent. Ainsi, "Conan the Barbarian" constitue du beau cinéma d'heroic fantasy.