Très bon film de Truffaut, qui met en abîme le septième art en permanence : on passe fréquemment du film tourné au tournage du film, et à la vie privée de l’équipe de ce tournage – on assiste alors à une sorte de ‘making of’ avant l’heure, la réalité semblant « plus vraie que nature » en contraste avec les scènes de tournages. Il nous arrive souvent d’oublier que nous sommes devant un film de fiction, écrit et prémédité, et non devant un documentaire.
Truffaut, qui y joue son propre rôle de réalisateur, signe évidemment une déclaration d’amour au cinéma, mais plus à l’acte de faire du cinéma qu’au cinéma en lui-même (sur écran) ou à la création artistique et intellectuelle. Il s’efforce de retranscrire la magie qu’il y a à voir le projet prendre forme et la mise en scène artificielle (bougies truquées, fenêtre sans maison) transformer les mots du scénario en une œuvre finie. Une bonne phrase pour résumer cette magie du cinéma (et particulièrement du montage), sort de la bouche d’une actrice qui parle d’un de ses précédents films : « Quand la projection du film s’est terminée, je me suis demandée : mais quand ai-je fait tout ça ? Sur le plateau j’avais l’impression de ne rien faire qu’attendre ! » Le film est rythmé, la mise en scène inventive, le concept éminemment original ; les acteurs sont impressionnants, là encore la frontière entre réalité et fiction disparaît comme par illusion, et la musique superbe de Delerue finalise le tout. Un petit bijou truffaldien.