Véritable tournant dans la filmographie de Louis De Funès, Jean Girault lui offre pour la première fois de sa carrière la tête d'affiche de son vaudeville charmant, un brin vieillit par le temps. Construit comme une bonne pièce de boulevard à la française, Pouic-Pouic séduit instinctivement par ses personnages. Un peu comme une pièce de Molière, il y a un certain Monsieur Jourdain, dont le souhait absolu est de marier sa fille au plus vite, pour profiter à ses affaires personnelles dans lequel sa femme, piégée dans une escroquerie, le contraint à cette concession. Contre le gré de sa pauvre victime, la vanité de ce tyran de l'amour vertueux et sincère le peint comme un homme antipathique, foncièrement cynique. De Funès en est le fruit, source de rire et de quiproquos qui fusionnent par ces intrigues de marivaudages. Jacqueline Maillan, mariée à cet orgueilleux d'affaires boursières, totalement abrutit par son poulet, au nom de Pouic-Pouic, incarne la candide parfaite de cette histoire. Son incompréhension des péripéties, qui s'installent en vitesse incessante, confirme sa vision innocente antant que femme proche de sa chère pupille. L'un est donc pour le devoir, l'autre pour les sentiments. En outre, il y a toute la panoplie parfaite pour un film de ce genre. Entre autre, le laquais est de la partie. A propos, son caractère assez naïf pour comprendre toute l'ampleur de ces conspirations, venant essentiellement de ses domestiques, offre au spectateur de bons moments de rires. Les protagonistes courent, crient, claquent les portes, réapparaissent en sursaut; le tout baignant dans une ambiance de cirque, aux numéros d'acteurs communicatifs. Évidemment, la trame reste convenue. Le film s'achève par la joie et le bonheur, sur un fond de morale populaire où les plus mauvais perdent toujours. D'ailleurs, on n'en attendait pas plus de Pouic-Pouic. Honnête et distrayant.