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Alasky
359 abonnés
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4,0
Publiée le 16 décembre 2024
Beau drame français campagnard, lent, tendre, beau, bien mené et bien interprété. Excellent duo Delon-Signoret évidemment, deux monstres du cinéma français, indétrônables. Le tout sur une sublime musique signée Philippe Sarde.
C'est cette fois un bon film de Granier-Deferre; il restitue admirablement l'univers de Simenon / L'espace resserré, des maisons ,du canal, du pont, un espace sans horizon,vu comme si les yeux étaient collés aux choses. Tout est médiocre, vlgaire, sale, dégradé.Les personnages ne peuvent pas parler,comme s'ils étaient eux-mêmes usés, vides, hagards. C'est un beau film jusqu'à cette scènespoiler: de l'arrestation quasi grotesque Dommage !
Quand il entame le tournage de « La Veuve Couderc » adapté du roman éponyme de Georges Simenon avec Alain Delon et Simone Signoret, Pierre Granier-Deferre vient juste de diriger la grande actrice associée à Jean Gabin pour « Le Chat ». Déjà une adaptation de Simenon, un auteur qui ne quittera plus Granier-Deferre parfaitement en osmose avec l’univers du romancier belge. Quatre films de cinéma puis une participation active tant du côté de la réalisation que de l’adaptation pour la série télévisée de prestige consacrée aux enquêtes du commissaire Maigret avec Bruno Cremer dans le rôle-titre. « Le Chat » ayant été un succès aussi bien critique que public, le producteur Raymond Danon soutient fortement l’envie qu’ont Signoret et Granier-Deferre de retravailler ensemble. Leur choix se porte sur « La Veuve Couderc » paru en 1942, roman sombre se déroulant cette fois-ci dans le milieu rural durant la période de l’Avant-Guerre (1934). Un jeune homme (Alain Delon) sans domicile fixe se trouve sur les routes de Côte-d’Or. Il se fait embaucher dans la ferme d’une veuve (Simone Signoret) vivant avec son beau-père sénile (Jean Tissier) sous son toit. Le séjour se prolongeant, la veuve pressent très vite que derrière son mutisme celui qu’elle a recueilli cache un passé trouble et une fuite probable de prison. Entrée prématurément dans l’âge mûr et marquée par la rudesse d’une vie à laquelle elle ne rêvait sans doute pas, la veuve tspoiler: ombe instantanément amoureuse de son garçon de ferme. Une idylle se noue malgré la différence d’âge qui d’emblée place la relation sur un plan inégalitaire compensé par le statut précaire du jeune homme. Tout va dès lors se liguer contre les deux amants. Le passé de l’inconnu, la jalousie du voisinage, le conflit qui oppose la veuve Couderc à sa belle-famille dont la ferme est située de l’autre côté (à Cheuge) du canal entre Champagne et Bourgogne, le contexte politique de l’année 1934 marqué par l’instabilité consécutive à la crise de 1929 débarquée plus tardivement en Europe. Granier-Deferre parfaitement à son aise dans le registre du drame, parvient à créer une symbiose parfaite entre les deux monstres sacrés venant d’univers très différents à tous les points de vue. Le réalisateur aura d’ailleurs dû batailler ferme pour convaincre Delon d’accepter de s’intégrer à cette histoire d’amour avec une femme bien plus âgée que lui. Mais Granier-Deferre avait cette faculté quand il était transcendé par un projet de savoir faire avancer toute son équipe derrière lui. L’atmosphère de l’époque est parfaitement rendue grâce à l’apport du chef opérateur Walter Wottitz que Granier-Deferre connaît bien, la romance improbable avec ses hauts et ses bas montre subtilement comment deux destins brisés cherchent à s’unir pour se sortir chacun de l’ornière dans laquelle ils se débattent. L’idée de la couveuse censée augmenter la productivité de l’activité comme promesse illusoire d’un avenir radieux est parfaitement utilisée par un Granier-Deferre à son meilleur tout comme ses deux acteurs notamment Delon qui prouve avec « La veuve Couderc » que son jeu était sans doute plus raffiné que certains l’imaginaient. La présence de Simone Signoret n’y est sans doute pas étrangère. Granier-Deferre retrouvera une fois encore la grande actrice onze ans plus tard pour « L’Etoile du Nord » encore adapté de Simenon. Delon enchaînera avec Signoret pour « Les Granges Brûlées » de Jean Chapot. « La race des seigneurs » excellent suspense politique encore une fois scénarisé par Pascal Jardin (« La Horse », « Le Chat », « La Veuve Couderc ») permettra à Delon et Granier-Deferre de retravailler ensemble. Ce désir de se retrouver constitue la preuve que ces trois-là avaient conscience d’avoir effectué sur « La Veuve Couderc » un excellent travail. On ne peut à postériori qu’être d’accord avec eux.
Grâce au métier du metteur en scène le film renvoie avec plaisir, si ainsi on peut dire...., aux atmosphères troubles, voir glauques, des romans de Simenon. Mais les écarts pris par rapport au livre malheureusement pénalisent le film notamment dans sa dernière partie, qui devient une sorte de mélodrame avec un final digne d'un western. Dommage ! Heureusement que sur tout et sur tous domine, impériale, une fois de plus, encore et encore, une grande comédienne qui s'appelle Simone Signoret. Alain Delon, lui qui n'est pas un grand comédien, a néanmoins le physique du rôle , celui d'une petite frappe avec quelque chose en plus sans doute, également pénalisé par une camera qui parfois s'appuie lourdement sur son torse et son visage en le réduisant à une sorte de pin up. Eternel dilemme pour juger Delon, dilemme qu'interpellait Alain lui même, son physique a été ou pas son atout principal dans sa réussite ? Lui pensait que non ....... Malgré ces limites, le film se voit avec beaucoup de plaisir.
AU BONHEUR DES DAMES. Le canal de la solitude. Les berges obscures que Bobby surveille pendant que Delon Lapointe. Allez les petits, le désir rend soucieux, la veuve est fortifiée, la demoiselle est défensive. Prévenez vos gendarmes qu'ils pourront tirer. Roger Couderc a aimé.
Dans un premier temps on remarque surtout le village rural, dont on peut admirer le pont-levis de Cheuge qui n'est pas un paramètre anodin dans le récit, on perçoit les moeurs avant aussi de percevoir un contexte social et politique. Le scénario se lit surtout entre les lignes, facilement quand il aborde le sujet de la vieillesse (source de la jalousie), sujet délicat et personnel quand on pense justement à Simone Signoret qui a alors 50 ans et connaît une vieillissement prématuré depuis des années déjà, de façon plus subtil quand le film dénonce la montée du fascisme (la Croix de Feu) et l'antisémitisme alors que, rappelons-le Hitler est au pouvoir depuis 1933. Granier-Deferre se distingue ainsi de Simenon (notamment Jean tue la Veuve à coup de marteau dans le roman !) en ajoutant des paramètres et un environnement plus denses et complexes, autour des préjugés, des rumeurs, des convenances qui sont toujours exacerbés dans de petites communautés. Pierre Granier-Deferre signe un drame touchant et plus profond qu'il y paraît avec deux acteurs d'exceptions en prime. Site : Selenie.fr
Je viens de voir ce film pour la première fois sur Arte (merci) en 2024 Extraordinaire Signoret / Delon / Piccolo... J'aime pas la fin triste Par contre aucune info sur le bébé du film ? (54 ans)
Dommage que certains plans disparaissent dans une telle obscurité car la réalisation se distingue par son intelligence à tant exprimer en s'appuyant seulement sur les jeux de regards de personnages campés avec une intense subtilité notamment par la formidable Simone Signoret et le magnétique Alain Delon. Avec un arrière-fond politique se tissent de façon inextricable les destins tragiques de deux être esseulés, déçus, dignes - quitte à donner du lustre à un ancien bagnard...Rendant habilement compte d'un quotidien faussement bucolique, en réalité pétri de rancoeurs familiales, de jalousies féminines, de difficultés matérielles, l'intrigue ne manque ni de solidité ni de profondeur. Un grand prix du cinéma mérité!
Dirigée par Pierre Grangier-Deferre, cette adaptation de Georges Simenon est l’occasion d’une rencontre au sommet entre deux grands noms du cinéma français : Simone Signoret et Alain Delon. Un bon film à défaut d’être grand.
J'ai apprécié ce film rural de Granier-Deferre mettant en scène le couple Signoret-Delon. La vieille et le jeune si j'ose dire, ils n'ont rien à se dire et pourtant une amitié va se créer entre les deux et même plus. Le jeune Delon doit être content d'arriver dans ce pays de paysans où on est plutôt taiseux. Lui qui n'a rien à dire ou tout à cacher. On a de belles images de la vie de la ferme, en 1934, mais dans les années 70, rien ou presque n'a changé. C'est la nostalgie qui prime. On est taiseux par là-bas sauf quand les querelles reviennent et c'est depuis des années que la vieille ne parle plus avec sa belle soeur qui habite de l'autre côté du canal. Donc lorsque l'étranger arrive, tout remonte à la surface, explose et c'est la catastrophe. Un film psychologique, paysan, une atmosphère et deux formidables acteurs.
L’adaptation au cinéma du roman de Georges Simenon, différente sous plusieurs aspects importants, creuse davantage la marginalité de ses personnages inscrite dans un lieu donné, un village où coule un canal séparant la Champagne et la Bourgogne, et dans un espace délimité, la France, pays défini par sa xénophobie et son racisme patriotique. Nous retrouvons en Tati Couderc et en Jean Lavigne les figures d’un temps ancien qui se heurtent, en lui livrant une résistance destructrice, à la modernité telles que Pierre Granier-Deferre les dépeignait dans Le Chat, sorti la même année : soit deux êtres meurtris par la société, l’un en raison d’actes illégaux commis parce qu’il « en avait assez », l’autre victime d’un patriarcat et d’une entreprise de diffamation afin de récupérer la maison dans laquelle elle vit, qui cherchent à unir leurs forces dans une passion interdite. Le cinéaste s’engage dans une relecture de la Bible, aussitôt appliquée aussitôt invalidée par les circonstances : la recomposition d’une crèche symbolique dans l’étable ne permettra ni au père – doté d’un faux nom – ni au fils – dépourvu de nom – de vivre en harmonie. La mise en scène joue habilement sur le rythme, son montage cassant volontiers la longueur de ses plans au service d’un effet particulier – par exemples, la séquence de bal musette ou la clausule, mobilisant un superbe et tragique ralenti –, et bénéficie d’une photographie soignée qui immortalise la beauté de ses comédiens. Si le film tend à se complaire dans les méandres d’une rusticité naturaliste, se complaisant quelque peu dans la violence campagnarde comme Félicie asperge tous les jours le front de son nouveau-né, son efficacité teintée de mélodrame emporte l’adhésion du spectateur.
Un scénario signé Simenon, une réalisation au top, plus deux participants monstres sacrés, il n’en faut pas plus pour faire un très bon film. Il faut souligner l’excellente reconstitution de la vie à la campagne en 1934, et l’agréable BO. L’intérieur de la ferme de Simone Signoret est rustique à souhait, et on admire le système manuel de pont levis par dessus le canal où circulent de nombreuses péniches. J’ai bien aimé aussi les sentiments naissant entre les personnages de Simone Signoret et Alain Delon, même si ce dernier ne se privait pas de sexe avec la jeune voisine délurée. Un très bon cru qui pour moi n’a pas vieilli.
Un bien joli film, inspiré d'un roman de Simenon, bien servi par Signoret et Delon, excellents. L'histoire se déroule après-guerre, quelque part en Bourgogne. Un hameau à quelques pas du village, hameau qu'un canal sépare entre la ferme héritée de son mari par la Veuve Couderc et la maison habitée par sa belle-sœur et son beau-frère ( inattendu Bobby Lapointe) dont l'activité est de manœuvrer le pont levant pour laisser passer les péniches et bateaux de plaisance, Plus encore que le canal, jalousie et haine séparent les deux parties de la famille qui se partagent aussi le beau-père plus ou moins sourd et gâteux. Les choses se bousculent à l'arrivée de Jean, ancien bagnard qu'héberge la Veuve et qui l'aide dans les travaux de la ferme et partage rapidement son lit, tout en couchant aussi avec la jeune Félicie, fille-mère et nièce de la veuve. Tout se précipite avec une dénonciation et l'intervention des forces de l'ordre. Images et ambiance d'époque bien rendues, exacerbation des sentiments, on se laisse prendre et conduire jusqu'au final avec plaisir. un bon film qui a bien vieilli malgré son demi-siècle, qu'on voit et revoit sans se lasser
je ne suis pas un fanatique du beau ténébreux qu'est Delon mais pour une fois dans ce film je le trouve plus "humain" que d'habitude. ce filme recréé bien l'ambiance de l'époque qu'il évoque et les histoires sordides dont la vie est jalonnée à toutes les époques
Drame qui se déroule dans la campagne française au début du vingtième siècle. Une vision plutôt pessimiste, ou réaliste diront certains, de la nature humaine. En effet des thèmes comme la jalousie, l'envie, la vengeance ou l'avidité s'illustrent dans cette histoire. Alain Delon est un peu propret pour le rôle de Jean Lavigne mais Simone Signoret est parfaite en veuve Couderc, laborieuse et amoureuse.