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Estonius
3 338 abonnés
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4,0
Publiée le 29 avril 2024
Le très inégal Granier-Deferre s'est ici surpassée dans cette adaptation d'un roman de Simenon. C'est un film lent au scénario assez simple, mais on ne s'y ennuie jamais. Et cela pour au moins trois raisons, une reconstitution d'époque dont le soin apporté aux détails force le respect, une photographie fabuleuse mettant en valeur la beauté de la campagne bourguignonne, et surtout un jeu d'acteurs extraordinaire dominé en tous points par une Simone Signoret habitée par son rôle. Delon quand à lui fait du Delon, mais il le fait bien (ce n'est pas vraiment le genre à cabotiner) Et dans les seconds rôles on retrouve Jean Tissier, cet immense acteur et la surprenante Ottavia Piccolo. Le récit est celui d'un triangle amoureux dans un climat de haine comme souvent dans ce microcosme que sont nos campagnes, mais qui en plus est ici le reflet de haines bien plus graves avec un antisémitisme abject. La narration est subtile trouvant le moyen de nous présenter en entrée de film, le contexte politique et le contexte familial S'il fallait reprocher quelque chose au film ce serait juste la traque finale assez peu réaliste, mais qu'importe nous tenons là un grand film réalisé avec infiniment de conscience professionnelle.
Bien que le scénario soit assez simple et la réalisation plutôt classique et sans surprise, "La Veuve Couderc" bénéficie d'une atmosphère captivante et émouvante, d'un ton sobre, d'une belle histoire poignante et surtout d'une très belle interprétation.
En 1934, Jean Lavigne (Alain DELON, 36 ans, 1ère collaboration sur 3 avec le réalisateur) se fait engagé dans une ferme de Côte-d’Or, près d’un canal, tenue par la veuve Couderc (Simone Signoret, 50 ans, 2e collaboration sur 3 avec le réalisateur). C’est un film sur le désespoir (d’Alain Delon, spoiler: évadé du bagne ) et la solitude (de Simone Signoret, malgré et à cause de la présence malveillante de sa belle-famille), avec une belle reconstitution (photographie de Walter Wottitz dont c’est la 3e collaboration sur 6 avec le réalisateur) des années 1930’ (climat nationaliste, antisémite et de grève dans les usines) à la campagne (église, lavoir). Sans oublier la musique de Philippe SARDE (2e collaboration sur 15 avec le réalisateur). Le film s’achève sur le texte suivant :spoiler: « En 1922, Jean Lavigne, fils du physicien Etienne Lavigne, avait abattu, au cours d’une réception officielle, deux hautes personnalités. Au président du tribunal qui lui demandait les raisons de son acte, il avait répondu : j’en avais assez »…
Très beau film signé du réalisateur du "Chat", la même année que "Le Chat", avec la même actrice (Signoret) que "Le Chat", et d'après un roman de l'auteur du "Chat" (Simenon)... Mais on n'y voit pas de chat, là, en revanche. Trève de conneries, "La Veuve Couderc" est un drame campagnard réussi se passant dans les années 30. Une agricultrice veuve, qui vit une situation familiale compliquée avec son ancienne belle-famille depuis le décès de son mari, recueille chez elle, et l'engage comme ouvrier, un travailleur itinérant (Delon), bagnard évadé (elle l'apprendra plus tard), avec qui elle va se lier d'amitié et même plus encore. Ce qui va susciter la jalousie et la colère chez les gens du coin, et notamment l'ex-belle-famille... Doté d'une atmosphère assez sombre, ce film très beau est à voir absolument. Deux ans plus tard, Delon et Signoret se retrouveront pour "Les Granges Brûlées", qui, en dehors de son duo d'acteurs et de son atmosphère très rustique, n'a rien à voir, mais est tout aussi réussi (et a ma préférence).
Le film restitue avec brio une ambiance typique des romans de Simenon, faite de villages perdus, de canaux et d'écluses, et de secrets de famille. Le choix du décor (deux vieilles maisons de part et d'autre d'un canal) et la grande qualité de l'image sont parmi les principales qualités de ce film. Delon et Signoret sont à leur meilleur, et secondés par une distribution tout à fait à la hauteur. Malheureusement, l'intrigue est un peu faible - il semble même qu'elle ait été caviardée par rapport au roman de Simenon - et les incohérences s'accumulent dans la deuxième moitié du film, nuisant à la cohérence de l'ensemble. Un bon film donc, mais le regret d'être passé à côté d'un potentiel chef-d'oeuvre.
D’après le roman éponyme de Georges Simenon, avec une mise en scène précise et de grands acteurs au top, un drame de la jalousie-rancune-haine ordinaire dans une période qui s’y prête, avec la montée du fascisme et de l’antisémitisme. Autre élément essentiel du film, l’écluse et le pont de Cheuge (Côte d’Or), personnage à part entière qui laisse entrevoir une lueur de modernisme avec loisirs et imminence des congés payés, en totale opposition avec ceux du film. Passionnant.
Un excellent film dramatique dont l'intrigue est très bien menée avec des acteurs tous dans le ton de leur rôle respectif. spoiler: Seule la charge des forces de l'ordre fait un peu western ...
Pierre Granier-Deferre est un cinéaste remarquable. La Veuve Couderc (1971), Le Train (1973) et Une Étrange affaire (1981) figurent sans l'ombre d'un doute au panthéon du cinéma français. Observant ses contemporains avec l'acuité d'un entomologiste, ses préoccupations et sa vision du monde sous antidépresseurs se devaient de croiser le pessimisme et le fatalisme de l'œuvre de Georges Simenon dont La Veuve Couderc et Le Train sont issus. Avec Pascal Jardin au scénario, La Veuve Couderc ne pouvait être que ce miracle d'équilibre dans lequel la fuite et la marginalité côtoient avec la même puissance la solitude et la tragédie. Pendant l'été 1934, dans une campagne en apparence tranquille, les jours, les heures, les minutes s'égrènent lentement, comme si au-dehors, les soubresauts du 6 février 1934, la montée des ligues d'extrême-droite, l'antisémitisme croissant et les scandales Stavisky et Prince n'avaient aucune prise sur les habitudes et le quotidien d'un petit village endormi de France.
Voir la suite de ma chronique à partir d'un photogramme du film: https://etoilesdetoiles.blogspot.com/2022/02/la-mise-mort-chez-pierre-granier-deferre.html
Drame taiseux et pétri de symbolisme, dans lequel Simone Signoret et Alain Delon parviennent, du regard et du geste, à faire comprendre la tragédie qui se noue au milieu d'une jalousie familiale recuite. Le film se veut sobre, sans lourdeur ou théâtralité, entre quelques éclats de voix et des portes fermées qui en disent long, jusqu'au dénouement inexorable. La partition était prévisible, mais l'atmosphère du film demeure intéressante 50 ans plus tard.
je revois avec plaisir ce film tiré du roman du même nom de Simenon. Simenon décrivait les relations humaines sur un mode dur, ce n'était pas un optimiste. On retrouve cette ambiance dans le film, celui-ci se situant à la campagne entre la première et la seconde guerre mondiale, on y voit déjà des gents à la recherche des juifs. le film est servi par ces 2 grands acteurs que sont Signoret et Delon. C'est en revoyant ces films et ces acteurs que l'on mesure la médiocrité du cinéma français actuel.
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4,0
Publiée le 2 juin 2021
La veuve Couderc est une adaptation de Simenon. Le film est remarquable pour la performance des acteurs principaux Alain Delon et Simone Signoret pour les images d'une France qui semble aujourd'hui perdue, pour la force du message et pour les tranches de silence. C'est un beau film un splendide duel artistique entre Simone Signoret et Alain Delon qui est amer, froid, fragile et délicat. C'est la démonstration d'un grand talent et d'une sage découverte des nuances de l'histoire. Un jeune homme une veuve d'âge mûr et quelques jours. C'est une histoire d'amour sous une forme différente pas seulement comme une histoire interdite mais comme l'image d'un changement fondamental. Un des films qui peut séduire le spectateur mais pour quelque chose qui définit le cadre des détails comme un support de réflexion...
"La Veuve Couderc", Classique du cinéma français. Film dramatique italo-français réalisé par Pierre Granier-Deferre, sorti en 1971. Scénario adapté par Pascal Jardin d’après le roman éponyme de Georges Simenon paru en 1940 . Un magnifique duo Alain Delon / Simone Signoret. Une réalisation de grande qualité. Musique de Philippe Sarde. Du bon cinéma.
Une vie campagnarde difficile dans une ferme qui sent la pauvreté, une écluse qui permet d’y accéder le long d'un canal apportant un souffle d’espérance, un bagnard échappé, troublant et séduisant, qui au hasard d’un chemin, rencontre une veuve usée par la vie : le scénario est amorcé dans toute son âpreté, ses non-dits, ses rumeurs… Deux monstres du cinéma français, Signoret/Delon, se font face, admirables de sensibilité dans leurs silences et leurs emportements. Ce drame psychologique est un hymne au cinéma français où l’émotion est présente sans excès ni voyeurisme. Cette histoire d'amour des années 1930 entre deux êtres que rien ne prédestinait à se rencontrer n’occulte pas le drame qui se pressent, avec également une femme enfant, Félicie, parfaitement interprétée par Ottavia Piccolo qui vient semer le trouble. Le passé de cet inconnu ne tardera pas à le rattraper.
Ce film que je revois pour sans doute la dixième fois est pour moi un chef d'oeuvre et nous ne sommes pas prêt de retrouver un metteur en scène qui a un tel talent aussi bien dans la documentation, les prises de vue, la direction et le choix des acteurs. C'est un travail d'orfèvre et Alain DELON a pour une fois un rôle magnifique dans ce film. La dureté des rapports entre les classes sociales de l'époque est finement rendue.