Après avoir réalisé le divertissant "Don Camillo en Russie" avec l'infatigable Fernandel, Luigi Comencini revient à un cinéma plus auteur, plus subtil avec "L'Incompris", certainement son meilleur film. En cette période post-néoréaliste dans le domaine du cinéma italien, "L'Incompris" fut d'ailleurs très mal accueilli lors de sa sortie en 1966, notamment lors du Festival de Cannes. Chose incroyable tant le film de Comencini est certainement l'un des plus beaux portraits de l'enfance fait à ce jour. Le film démarre alors qu'une famille, composée du père, Sir Ducombe (Anthony Quayle) et de ses deux fils, Andrea (Stefano Colagrande) et Milo (Simone Giannozzi), viennent de perdre leur mère pour les enfants, et sa femme pour le mari. Dès cette première séquence incroyable d'intensité dramatique, l'esprit de la défunte mère planera tout au long du film. L'aîné, ne réagissant que peu à la mort de sa mère, sera qualifié d'insensible par son père. Ce dernier donnera tout son amour au plus jeune des frères, ce dont souffrira Andrea. "L'Incompris" met à la fois l'accent sur le côté enjoliveur de l'enfance, les rires et les pleurs de chaque enfant, mais aussi comment un enfant peut faire le deuil d'une personne qui lui a été proche. En ce sens, Comencini a été clair sur sa pensée à l'époque ou le film est sorti. Pour lui, plus un enfant grandit, plus il devient sensible malgré les apparences. Et c'est justement sur quoi s'appuye "L'Incompris", ou comment Andrea souffre de jour en jour devant l'absence de sa mère mais aussi l'abandon progressif auquel il est confronté, suite au délaissement de son père. "L'Incompris" est un chef d'oeuvre de bout en bout. Luigi Comencini parvient à trouver le juste milieu entre comédie et drame et filme ces enfants avec une telle sincérité que la mise en scène en elle-même en devient touchante. De plus, on ne tombe pas bêtement dans le mélodramatique. Ainsi, Comencini préfère filmer la douleur de la façon la plus subtile possible: le silence durant lequel Andrea est confronté, livré à ses pensées. Proche d'une peinture, les plans sont aussi très bien maîtrisés et apportent une profondeur graphique certaine. Ainsi, "L'Incompris" fait parti de ce que l'on a fait de mieux dans le domaine de filmer l'enfance. "L'Incompris" est un chef d'oeuvre et Comencini, son maître.