Après plusieurs films expérimentaux (dont un sorti le moins dernier) et un troisième opus de "Magic Mike" (parce-que pourquoi pas), Steven Soderbergh revient à du cinéma plus conventionnel. Enfin c'est du moins ce que l'affiche et la bande-annonce cherchent à nous faire avaler puisqu'il s'agit en réalité d'une nouvelle expérimentation. Alors pas du film expérimental indigeste mais plutôt un remaniement des codes du genre ; le réalisateur cherchant continuellement à se renouveler. Et c'est ce que je dis dans chacune de mes critiques d'un film de Soderbegh : j'apprécie énormément ce dernier pour cela, c'est-à-dire que même si le résultat n'est pas terrible, il aura quand même tenté quelque-chose, après avoir prouvé au grand public qu'il sait aussi bien faire du blockbuster beaucoup plus classique (par exemple, les "Ocean's"). Et bon, malheureusement, ici, je ne suis jamais vraiment parvenu à rentrer dans le délire. Pour remettre un peu de contexte, nous suivons un agent chargé de trouver une taupe dans son équipe et cette taupe peut aussi bien s'agir d'un ami que de sa femme. Jusque là, nous sommes dans du thriller d'espionnage assez classique mais le réalisateur dépouille le genre de tous ses artifices pour n'en laisser que l'histoire brute, le scénario assez froid et clinique. En effet, tout est très épuré, autant au niveau du scénario donc que des dialogues (il y a de longs blancs entre chaque réplique) que de la construction des personnages ou de la mise en scène, une nouvelle fois particulièrement maitrisée dans son genre d'ailleurs. Bref, un film qui laissera sur le carreau les spectateurs s'attendant à du film d'espionnage un peu plus classique. Mais le film n'est original que dans sa forme car le fond est quant à lui plus ou moins conventionnel. En effet, nous sommes dans une sorte de whodunit version espionnage qui ne parvient jamais vraiment à emmener le spectateur avec lui. Car en voulant être aussi clinique, le réalisateur ne parvient pas à installer une ambiance véritablement haletante même si certaines scènes rattrapent le coche. De plus, même si les codes changent, "l'habillage" reste le même. C'est-à-dire que nous avons des personnages au regard froid, des sortes de "Mr. & Mrs. Smith" chic et choc, un antagoniste aussi peu présent que caricatural et puis surtout une vision de l'univers de l'espionnage très bling-bling, provocante voire presque naïve, qui tranche avec cet aspect épuré qui tendrait au réalisme que le réalisateur souhaite insuffler à l'ensemble. Si "The Insider" possède donc de nombreuses bonnes idées, il aura également tendance à perdre son spectateur (aguerri ou non) en cours de route.