Avec Insider, Steven Soderbergh poursuit l’exploration esthétique amorcée dans Présence, son précédent film, qui témoignait déjà d’une mise en scène magistrale, tout en peinant à structurer une intrigue véritablement engageante. Ici encore, le cinéaste déploie une photographie somptueuse, où la gestion de la lumière et des contrastes compose un univers visuel d’une grande sophistication. Chaque plan semble minutieusement travaillé, conférant au film une identité visuelle forte qui rappelle l’élégance de Présence.
De la même manière, la direction d’acteurs se révèle particulièrement soignée. Les personnages, finement caractérisés, trouvent une profondeur qui doit autant à l’écriture qu’au talent des interprètes. Soderbergh sait capter les silences, les hésitations et les regards, transformant chaque échange en une étude psychologique subtile. À l’instar de Présence, le film privilégie la suggestion à l’explicite, s’appuyant sur un jeu tout en retenue pour densifier l’atmosphère.
Cependant, comme dans son œuvre précédente, Soderbergh semble délaisser l’intrigue au profit de cette approche contemplative. L’histoire, bien que présente en filigrane, peine à prendre de l’ampleur et se dilue dans un rythme languissant. Si cette épure narrative peut être perçue comme un parti pris audacieux, elle risque également d’induire une forme de détachement chez le spectateur, rendant le film paradoxalement plus statique qu’immersif.
En fait, Insider confirme le talent visuel et la rigueur formelle de Soderbergh, mais, à l’image de Présence, il souffre d’une intrigue trop en retrait pour véritablement captiver. Cette approche, qui privilégie l’atmosphère et la mise en scène au détriment d’une tension dramatique forte, laisse une impression ambivalente : celle d’un film admirable sur le plan esthétique, mais qui peine à impliquer pleinement son spectateur sur le plan narratif.