On a découvert le cinéaste Ivan Calbérac il y a vingt ans avec le sympathique et mignon « Irène » qui révélait par la même occasion Cécile de France. Depuis, le cinéaste enchaîne les comédies dramatiques entre feel-good movie, romantisme et ambiance douce-amère parfois teintées d’un zeste de constat sociétal. Si sa carrière alterne œuvre pour le grand écran et formats télévisés, il réalise avec « N’avoue jamais », un film calibré comme jamais pour passer sur le prime-time d’une grande chaîne hertzienne, et d’abord à destination des séniors voire des spectateurs du troisième âge. Mais, en même temps, un long-métrage qu’on dirait issu du théâtre de boulevard pour l’histoire et du vaudeville d’antan pour certaines situations. En somme, si son nouveau film est fait pour le cinéma, il n’en demeure pas moins parfait pour satisfaire une partie de l’audimat télévisé et fortement connoté par le petit théâtre. Dans tous les cas, il nous livre ici son film le plus volontairement comique et axé sur la comédie.
Le postulat de base est peu original et convoque tout un pan de la comédie à quiproquos (donc boulevardière) : un mari cocu qui veut retrouver l’amant de sa femme et lui casser la gueule. Sauf qu’ici l’histoire date d’il y a plus de quarante ans! Les bases ont beau être peu engageantes et rebattues, le déroulement l’est (un peu) moins et réserve quelques petites surprises. On est certes en plein dans le comique de situation et l’humour pourra paraître un peu daté pour les plus jeunes habitués à celui plus potache et grossier de, par exemple, la Bande à Fifi ou autre comique du même acabit. Il n’empêche, si certains gags sont poussifs, prévisibles et presque archaïques, d’autres font mouche et on a le droit à quelques francs éclats de rires sincères et bienvenus. La plupart sont dus à André Dussollier en très grande forme et impeccable en mari trompé et rigide, ancien général dans l’armée française.
L’acteur se donne à fond dans ce rôle un brin caricatural et ses mimiques (sourcils froncés, yeux au ciel et totale incompréhension) valent leur pesant de cacahuètes même si le registre du comédien à ce niveau finit par être limité. Sabine Azéma est en très grande forme et contente d’être là tandis que Thierry Lhermitte était l’acteur tout désigné pour se fondre dans le rôle de l’amant, devenu bobo et vieux beau aux mœurs inconséquentes. « N’avoue jamais » fait clairement le choix de la gaudriole mais il n’empêche qu’il assène gentiment quelques vérités sur le couple et son usure, la fidélité et l’éducation des enfants. Car les seconds rôles ici sont principalement les rejetons adultes du couple et sont assez bien défendus par Joséphine de Meaux, Sébastien Chassagne et Gael Giraudeau en plus d’être amusants. On regrette en revanche que tout cela prenne encore place dans un milieu bourgeois, aseptisé et peu représentatif du français moyen. Également, on peut déplorer un humour facile, un dénouement en forme de happy-end attendu et quelques baisses de rythme sur la fin. En revanche, pour la toute dernière scène on se demande si c’est totalement misogyne ou, à l’inverse féministe à l’extrême. A vous de juger mais voilà une petite comédie sans prétention plus agréable et amusante.
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