Les Bronzés font du ski, réalisé par Patrice Leconte et interprété par la troupe du Splendid, s’impose comme une suite amusante mais imparfaite de Les Bronzés. Si l’humour mordant et les personnages emblématiques font le charme de ce film, il manque parfois d’équilibre et d’originalité, se reposant sur des recettes déjà connues. Un plaisir de nostalgie, certes, mais qui montre ses limites.
La troupe du Splendid, composée de talents tels que Thierry Lhermitte (Popeye), Michel Blanc (Jean-Claude Dusse), Gérard Jugnot (Bernard), Josiane Balasko (Nathalie), Christian Clavier (Jérôme) et Marie-Anne Chazel (Gigi), retrouve ses personnages avec une énergie contagieuse. Si chacun conserve son charme, certains souffrent d’un traitement répétitif.
Michel Blanc excelle en loser romantique désespéré, offrant des moments mémorables comme la scène du télésiège ou l’inoubliable "planté de bâton". Thierry Lhermitte, en séducteur déchu, offre une interprétation mélancolique et drôle, mais parfois en demi-teinte. Josiane Balasko et Gérard Jugnot forment un duo charmant, mais leur évolution vers des personnages plus caricaturaux leur fait perdre un peu de leur spontanéité. Quant à Christian Clavier et Marie-Anne Chazel, leurs tensions de couple ajoutent du piquant, bien que la dynamique soit parfois trop forcée.
Les Bronzés font du ski regorge de scènes devenues légendaires : la dégustation de la fameuse liqueur d’échalote, l’expédition hors-piste ou encore la mésaventure de Jean-Claude sur le télésiège. Ces moments, souvent hilarants, sont les points forts du film et démontrent l’alchimie entre les acteurs.
Cependant, le scénario reste faiblement structuré. L'intrigue principale – la réunion des amis pour des vacances à la montagne – se dilue dans une série de sketches, souvent déconnectés les uns des autres. L’expédition en hors-piste, qui aurait dû être le point culminant du film, s’étire en longueur et manque de rythme, diluant l’effet comique et dramatique.
L’humour des Bronzés font du ski repose sur des situations absurdes et des dialogues ciselés. Les répliques marquantes, telles que « Quand te reverrai-je ? Pays merveilleux... », font mouche et restent gravées dans la culture populaire. Cependant, certains gags, notamment ceux basés sur des stéréotypes ou des situations répétitives, perdent en impact.
Le film adopte une approche plus burlesque que son prédécesseur, avec des situations parfois tirées par les cheveux. Cela fonctionne pour les amateurs du style, mais risque de lasser un public en quête d’un humour plus subtil ou varié.
Patrice Leconte livre une mise en scène correcte mais sans éclat. Les paysages enneigés de Val-d'Isère sont joliment capturés, mais l’ensemble reste visuellement limité. Les décors naturels servent surtout de toile de fond aux aventures des personnages, sans jamais être pleinement exploités.
La bande originale signée Pierre Bachelet apporte une touche nostalgique et accompagne bien les scènes, mais elle ne parvient pas à insuffler une véritable identité au film.
Le film alterne entre des scènes hilarantes et des moments qui s’étirent inutilement. La première moitié, centrée sur l’installation des personnages dans la station, offre des moments cocasses mais manque de liant. La deuxième partie, plus axée sur l’aventure collective, souffre d’un rythme irrégulier et de gags trop étirés.
Ce manque de fluidité empêche le film de maintenir une dynamique efficace, donnant parfois l’impression d’une succession de sketches plus que d’un véritable long-métrage.
Malgré ses défauts, Les Bronzés font du ski reste une pierre angulaire de la comédie française. Il bénéficie d’une forte aura nostalgique et d’une multitude de scènes devenues cultes, souvent revisitées lors des rediffusions télévisées. Si le film ne parvient pas à égaler l’original en termes de fraîcheur et de cohérence, il conserve une capacité à faire rire et à rassembler.
En somme, Les Bronzés font du ski est une comédie plaisante mais inégale, qui brille par ses moments cultes mais trébuche dans son ambition narrative. Une œuvre à savourer pour ses éclats de rire intemporels, mais qui peine à maintenir l’équilibre entre nostalgie et renouvellement.