Un bon documentaire qui s’étire sur 25 ans voire plus puisqu’il y a des images qui datent de 1972, donc le double : 50 ans.
50 ans de sacrifices puisque trois frères décident de reprendre la ferme alors qu’apparemment ils ne se voyaient pas l’exploiter. Le sacrifice n’est pas tant de vouer leur vie à la terre et aux vaches, c’est de tirer une croix définitive sur toute envie de fonder une famille. Jours et heures ne sont pas comptés, un véritable sacerdoce.
Oui, dans la mesure où leur discours n’est pas agressif, revendicatif, amer. Une légère résignation peut se percevoir ; « un destin » pour reprendre ce mot dans la bouche d’un des frères. Une voie qui leur était tracée contre toute attente et qu’ils ont accepté par esprit d’indépendance, par filiation, voire par devoir.
Trois frères aux idées différentes qui oeuvrent pour le bien commun.
Tel que le documentaire m’est présenté, j’ai l’impression que la ferme des Bertrand avance sainement, prudemment avec un endettement certainement maîtrisé.
Puis arrive le temps de former le neveu qui se greffe avec sa femme Hélène, les voilà cinq ; puis de nouveau trois avec Hélène, le petit neveu et le beau-frère de ce dernier. Bien sûr, il y a les femmes, les enfants qui donnent un coup de mains.
L’exploitation se modernise, plutôt se mécanise. Si sa pique un peu André à l’idée que plus personne ne tienne un manche, il reconnaît que la ferme des Bertrand se porte bien.
Et là encore, à les écouter, point de posture de victimisation. Je me demande s’ils ne font pas tâche avec le discours ambiant des agriculteurs (Un discours légitime qu’ils doivent certainement partager).
Avec les Bertrand, j’ai comme l’impression qu’ils connaissent leurs limites. Je crois que c’est le beau-frère qui dit que les murs sont les mêmes, seul l’intérieur est modernisé. Ils semblent se satisfaire de ce qu’ils exploitent. Ils ne semblent pas se laisser entraîner dans le tourbillon du profit ; enchaînés par je ne sais quel groupe, corporation qui les inciterait à s’endetter plus que de raison.
Je fais référence à ce film « Au nom de la Terre » d’ Édouard Bergeon qui doit nécessairement faire écho à un grand nombre d’agriculteurs influençables.
Un documentaire pertinent qui rend bellement hommage à cette famille en y juxtaposant images 1997 et celles de 2022 comme la sortie des vaches de leur étable au retour du printemps, par exemple.
Héritage, courage, honnêteté, humilité, filiation, transmission, émotion. C’est tout ça « La ferme des Bertrand ».
Un grand bol d’air.
Oui, il fait du bien ce documentaire.