L'Heureuse élue, le nouveau film de Frank Bellocq, est une comédie dynamique qui mêle faux-semblants et confrontations sociales. Au cœur de l'intrigue, Benoît (interprété par Lionel Erdogan), un jeune homme en quête d'argent facile, imagine une astuce pour impressionner ses parents bourgeois : il demande à une amie de se faire passer pour sa fiancée lors d’un séjour en famille au Maroc. Mais au dernier moment, l'amie se rétracte, et Benoît n'a d'autre choix que de convaincre Fiona (incarnée par Camille Lellouche), son chauffeur Uber impétueux et sans filtre, de jouer ce rôle improbable.
Le film est avant tout un terrain de jeu pour la talentueuse Camille Lellouche, qui incarne une Fiona totalement détonante. Son personnage, à la fois franc et impulsif, se heurte brutalement au milieu bourgeois et raffiné de la famille de Benoît. Lellouche fait preuve d'une énergie débordante, apportant une fraîcheur salvatrice à un film qui, parfois, semble tomber dans les pièges des clichés de la comédie romantique. Le contraste entre la spontanéité de Fiona et la réserve de la famille de Benoît provoque une série de gaffes et de malentendus savoureux, dont l'humour se trouve dans l'absurde et la maladresse. Les scènes où Fiona, sans gêne, se laisse aller à des remarques brutales et des gestes malvenus sont parmi les plus mémorables du film.
Benoît, campé par un Lionel Erdogan plus réservé, tente tant bien que mal de maintenir la façade de la « fausse fiancée idéale » face à ses parents. Ce dernier, pris entre deux mondes, cherche à concilier ses aspirations sociales et la réalité de ses choix de vie, avec pour résultat une comédie pleine de quiproquos et de rires involontaires.
Michèle Laroque, dans le rôle de la mère de Benoît, joue l’archétype de la mère bourgeoise, mais réussit à apporter de la nuance à ce personnage souvent caricatural. Son regard sur la situation évolue subtilement, donnant une touche d’humanité à la comédie de mœurs.
Le film aborde avec légèreté des thématiques sociales importantes, notamment la différence de classes et l’apparence face à la réalité. L'authenticité de Fiona est en totale opposition avec la superficialité de la famille de Benoît, ce qui crée une tension comique mais aussi une réflexion sur les conventions sociales. Le mélange de farce et de satire fonctionne bien, mais certains moments semblent trop prévisibles et le scénario aurait gagné à éviter quelques clichés.