La compositrice, chanteuse, actrice, réalisatrice Margherita Vicario a réalisé "Gloria!" en partant d'une excellente idée : rendre hommage à toutes les compositrices qui, depuis la nuit du temps, domination masculine oblige, sont injustement restées dans l'ombre des grands compositeurs que l'on cannait tous et qui, bien sûr, sont tous des hommes. Pour son film, elle a choisi une époque bien particulière et un lieu bien particulier : 1800 et Venise. A Venise, en 1800, il y avait encore quatre hospices financés par la Sérénissime République et destinés à recueillir les jeunes enfants orphelins, ou abandonnés, ou naturels, ou de famille indigente. L'Institut Sant'Ignazio, où se déroule l'action du film, est supposé être l'un d'eux et il se rapproche beaucoup de L'Ospedale della Pietà, hospice dans lequel, plus tôt dans le 18ème siècle, Antonio Vivaldi était Maître de violon, un hospice qui dispensait une éducation musicale de haut niveau à des jeunes filles. Parmi ces jeunes filles, il est probable qu'un certain nombre ne se contentaient pas d'être d'excellents interprètes mais étaient également des compositrices. Qu'en reste-t-il : rien ! Margherita Vicario a voulu réparer cette profonde injustice en nous présentant une création musicale féminine à l'occasion de la venue dans cette hospice du pape Pie VII. Le problème, c'est qu'elle a voulu caser ses propres œuvres musicales et, ce faisant, elle s'est tiré une balle dans le pied : en effet, on aurait applaudi des 2 mains si les musiques féminines proposées avaient été d'un niveau à peu près égal, voire supérieure, à ce qu'on connaît des œuvres masculines de l'époque considérée. Malheureusement, on est loin du compte. En fait la réalisatrice a choisi de biaiser en présentant une musique qu'elle a composée et qui se rapproche de la variété actuelle dans ce qu'elle a de pire plutôt qu'une musique à mi-chemin entre période baroque et période classique. La comparaison entre cette musique féminine totalement indigente et la musique masculine de Vivaldi qu'on entend par ailleurs (extrait de son "Gloria", extrait de son "Stabat Mater", extrait d'un concerto) est particulièrement cruelle et l'excellente idée de départ se transforme en but contre son camp ! Quant à l'aspect purement cinématographique du film, on est à peine mieux servi, avec, en particulier une fin de film totalement grotesque.