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Pour le lecteur pressé, en moins de 3 minutes : https://youtu.be/6d6KvTNA-sg
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Sinon:
Il y a des films qu’on ressent. "Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan" fait partie de ceux-ci. Impossible d’y rester insensible : on rit, on pleure (sans prévenir), on se retrouve à sourire bêtement devant des scènes qui nous rappellent quelque chose d’enfoui. Et ça, c’est du cinéma vivant.
Ken Scott n’a pas cherché à en faire des tonnes, et c’est précisément ce qui rend son film aussi beau. Pas d’effets appuyés, pas de violons surjoués pour tirer la larme facile. Juste une mise en scène sobre, où chaque regard, chaque silence, chaque geste compte. Il capte l’essence des souvenirs, cette tendresse brute qui fait chavirer sans crier gare.
Et que dire du casting ? Leïla Bekhti, impériale en Esther Perez, mère aimante et obstinée, livre une partition magistrale. Jonathan Cohen, qu’on attend souvent dans la comédie pure, prouve ici qu’il a une profondeur inattendue. Son Roland Perez, tiraillé entre son rêve et son quotidien, est d’une sincérité troublante. Naïm Naji et Noé Schecroun, qui incarnent Roland à différentes étapes de l’enfance, sont d’une justesse émouvante. Lionel Dray, en père souvent dépassé, apporte une nuance touchante. Joséphine Japy donne à Litzie Gozlan une présence lumineuse, tandis que Jeanne Balibar et Anne Le Ny campent des figures d’autorité marquantes.
Et puis il y a Sylvie Vartan. Plus qu’une idole, elle devient une figure quasi mystique, un repère, une étoile guidant les espoirs d’un gamin qui refuse de laisser la vie lui dicter sa place. Sa présence est un souffle de nostalgie, un symbole d’évasion.
On ressort du film sonné, comme après une discussion nocturne où tout a été dit sans qu’on s’en rende compte. C’est une déclaration d’amour à ces rêves qu’on croit inaccessibles, mais qu’on porte en nous malgré tout. Une douceur qui s’accroche au cœur, longtemps après le générique. Éblouissant.