Dans le rayon des films de genre, le cinéma sud-coréen est plutôt réputé, comme son cousin espagnol par exemple ou comme il peut également l’être au rayon des films policiers et polars. On est donc plutôt content de découvrir un film fantastique parlant de somnambulisme sous bannière de ce pays au cinéma très florissant, une pathologie qui a été rarement mise à l’honneur sur les écrans. C’est d’ailleurs étonnant tant elle est propice à de multiples développements et notamment lorsque celle-ci s’inscrit dans le film de genre, du fantastique à l’horreur en passant par l’épouvante. On est d’ailleurs bien content que, pour une fois, ce ne soit pas dans un film américain qui a tendance à appliquer les ficelles les plus usées du genre pour nous faire frémir, hormis peut-être la nouvelle école portée par Ari Aster ou Robert Eggers. « Sleep » choisit un traitement probant mais risqué dont il s’acquitte avec autant de bons côtés que de ratés.
Il faut rappeler que le propre du fantastique, tel qu’il a été inventé dans la littérature passée par des auteurs comme Edgar Allan Poe, est de toujours laisser un espace de probabilité entre la réalité et le surnaturel. Ce que, fait de plus en plus rare au cinéma, « Sleep » propose avec beaucoup de réussite. Surtout qu’aujourd’hui le mot est galvaudé et fourre-tout et que ce soit des fantômes, des apparitions, des mystères ou tout autre chose, on appelle cela du fantastique même quand le doute n’est plus permis. Ici, la frontière entre une possible possession et un trouble psychologique est laissée en suspens durant tout le film et ce jusque l’épilogue, faisant habilement planer le doute. On apprécie aussi les quelques saillies humoristiques (notamment la séquence avec la femme marabout) et pas mal d’idées de mise en scène de la part de Jason Yu, ex-assistant de Bong Joon-Ho (« Parasite »). De plus, le somnambulisme est traité de manière à la fois pertinente et extrême.
Cependant, malgré ses qualités indéniables, un mystère bien entretenu en plus d’une tonalité peu commune bien maîtrisée, le film a un problème majeur : il manque terriblement de frissons et d’instants de terreur. On a vaguement quelques moments de tension mais LE grand frisson attendu n’est jamais là. Pas un sursaut et pas une once d’inquiétude ne vient troubler notre visionnage. C’est tout de même embêtant pour un film de ce type. Surtout qu’il y avait bien des moyens de nous faire peur avec un script pareil. Pareillement, Yu brasse beaucoup de thèmes ici comme la naissance d’un enfant, la lassitude du couple, le fait de surmonter les épreuves ensemble et les troubles psychologiques et familiaux. Mais il n’en embrasse jamais vraiment aucun et on doute de comprendre ce qu’il a vraiment voulu nous dire. Il y a néanmoins quelques moments incongrus et étranges (le bébé dans la poubelle ou la scène du ragoût) et une fin ouverte et réussie malgré un côté un peu outrancier. Moyen mais intéressant, il y a quelque chose...
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