On imagine sans peine tous les jeux de mots à faire sur Sleep, le premier long-métrage de Jason Yu. Une histoire à dormir debout, littéralement, puisque axé exclusivement sur le somnambulisme d'un homme et l'inquiétude grandissante de son épouse, bientôt maman. Dûment découpé en 4 chapitres, le film s'applique à faire progresser une intrigue unique, sur un tempo allegro ma non troppo, et habilement partagé entre épouvante et comédie, avec un sens de l'absurde qui se conjugue avec quelques frissons. Pas de quoi séduire un amateur d'horreur pure, sans doute, surtout s'il attend quelques passages gore. Point de cela dans Sleep mais des moments très particuliers qui combinent l'effroyable et le rigolo, comme dans la scène où une marmite est portée à ébullition. Le long-métrage, au-delà des genres qu'il aborde, pourrait se définir finalement comme un film sur la vie conjugale, où les nuits sont plus épicées que les jours, qui se distingue notamment par sa mise en scène virtuose des petits espaces, puisque le récit est en très grande partie confiné à un appartement de dimension modeste. Modeste dans ses ambitions, Sleep l'est également, mais surtout malin, suffisamment en tous cas pour nous faire avaler l'évolution psychologique, assez improbable, de ses deux principaux personnages. Une analyse plus affinée montrerait aisément les lacunes de son scénario mais on s'en fiche un peu, cette fois, car l'intérêt est ailleurs, dans le suivi des tourments répétés de ce couple d'amoureux qui aurait préféré qu'on les laisse dormir tranquille.