Réinventer la romance dramatique, la moderniser peut-être, tout en utilisant des ingrédients presque intangibles depuis Love Story, voire bien avant, telle est l'ambition de L'amour au présent. Tout en restant humble, quand même, et sincère avant tout, ce que le film de John Crowley réussit assez convenablement. Si le fond de l'intrigue n'est pas spécialement original, en fin de compte, le réalisateur a misé sur la forme du récit, avec une déconstruction temporelle qui permet d'éviter la prévisibilité des événements, ou d'essayer, en tous cas. Mais la méthode a ses inconvénients, à savoir de poser tous les enjeux sur la table, dans le premier quart d'heure : les événements heureux et ceux qui le sont moins, dans une succession de scènes composée façon puzzle chronologique, qui s'éclaircira au fil des minutes. Pas toujours pour le meilleur, quand certaines situations trouvent une explication tardive qui de fait se situait plus tôt dans le temps. Cela ne s'appelle pas se mélanger les pinceaux mais parfois faire preuve d'incohérence dans la continuité de l'action. Bon, de toute manière, ce qui compte, dans ce genre d’œuvre, est l'alchimie entre les protagonistes et la conjonction de leurs personnalités propres. De ce côté-là, il y a un net déséquilibre entre les deux personnages, tout le développement de leur histoire d'amour ne reposant que par ce qu'il arrive à l'une et, par conséquent, à ce que "subit" l'autre
(accouchement, réussite professionnelle, maladie).
Reconnaissons à Florence Pugh d'être largement plus convaincante que Andrew Garfield, mais c'est le contenu intrinsèque de chacun des deux rôles qui incite forcément à avoir un tel sentiment.