Catharsis
1ère réalisation pour Céline Sallette, la merveilleuse actrice que j’adore depuis des années maintenant. Ces 98 minutes lui ressemblent, engagées, passionnées, brillantes et souvent excessives. Paris 1952, Niki s’est installée en France avec son mari et sa fille loin d’une Amérique et d’une famille étouffantes. Mais malgré la distance, Niki se voit régulièrement ébranlée par des réminiscences de son enfance qui envahissent ses pensées. Niki trouvera son chemin vers la lumière et dans l’art une arme pour s’en libérer. Ce biopic intense raconte la naissance d’une artiste avant-gardiste qui a utilisé l’art comme catharsis et moyen d’expression politique. Un film très personnel qui est loin de m’avoir entièrement convaincu.
Le scénario s’appuie sur les 10 années, – 1952 / 1961 -, durant lesquelles Niki de Saint-Phalle va s’émanciper des conventions sociales, en l’occurrence celui d’être mère, pour devenir l’artiste qu’elle est, tout en fouillant dans son passé traumatique. Céline Sallette n’a pas eu le droit d’utiliser les œuvres de Niki de Saint Phalle, mais cela n’a pas arrêté la réalisatrice qui s’est servie de cet obstacle pour nourrir sa narration. Reste que raconter l’histoire d’une artiste sans une seule image de ses œuvres m’est apparu extrêmement frustrant. Pour venir à son aide, la réalisatrice a donc utilisé une flopée d’images allégoriques – souvent difficiles à discerner – pour figurer l’évolution de l’artiste. Le film reste focalisé sur les failles psychologiques et les états d’âmes de la femme, et ce au détriment du cheminement artistique. Et, dégât collatéral, les « hommes de sa vie », - Harry Matthews et sa littérature et Jean Tinguely, montré en artiste maudit -, sont à peine évoqués. Une belle idée pour conclure ce biopic décevant pour moi, le film se termine quand tout commence pour l’artiste, en 1961, quand elle trouve enfin son style et son mode d’expression.
Le choix de Charlotte Le Bon pour le rôle-titre était une évidence tant la ressemblance physique est frappante ainsi que leur bilinguisme. Elle est fascinante de bout en bout. Mais elle est aussi fort bien entourée par John Robinson, Damien Bonnard, et Judith Chemla. Ce n’est évidemment pas un hasard si Céline Sallette a choisi ce sujet pour son 1er film en tant que réalisatrice. Mais ça ne suffira pas à me le rendre plus aimable. J’ai été frappé par le syndrome de l’« ennui distingué » durant la projection de ce drame intense et viscéral jusqu’à l’excès. En outre, j’aurais aimé passer plus temps dans cette Impasse Ronchin, au fin fond du 15ème parisien, assister à la naissance du Nouveau Réalisme. On assiste à la naissance d’une artiste majeure du 20ème siècle. Mais assiste-t-on à la naissance d’une nouvelle cinéaste ? A confirmer.