Sympatoche !
Rien de notable ni de bouleversant dans la filmographie de Stéphane Ben Lahcene. Son 1er film de 2018, Premier de la classe, était à classer dans la catégorie « gentil nanar ». Ces 90 minutes de comédie sociale remontent passablement le niveau. Après une soirée pleine d’excès, Bénédicte, célèbre chanteuse d’opéra, voit sa carrière s’écrouler. Fatou, passionnée de karaoké, est la seule à lui tendre la main. Elle a une idée derrière la tête : convaincre Bénédicte de participer au grand concours national de karaoké. La parfaite maîtrise vocale de l’une et la ténacité de l’autre pourraient bien faire des étincelles et les amener très loin. S’il on veut bien passer sur le tissu d’invraisemblances – le scénario qualifie plutôt tous ces rebondissements de « heureux hasards », on passe un bon petit moment avec un duo de choc et en musique… C’est déjà ça !
Le choc social est tellement poussé à l’extrême qu’il faudra au spectateur bien de l’indulgence pour s’accrocher aux pas de cette comédie gentillette, bourrée de bonnes intentions, mais surtout très rythmée, ce qui nous sauve de l’ennui. Bon, il y a évidement beaucoup de chansons, et, même si ce n’est pas particulièrement mon répertoire de prédilection, on prend plaisir à suivre l’entraînement et les épreuves traversées par les deux héroïnes. – A remarquer tout de même que le seul vrai moment d’émotion est provoqué par la musique de Puccini et son célébrissime Casta Diva -. A noter que, à part ce monument de l’opéra, ce sont les deux actrices qui chantent vraiment dans le film. Il ya donc dans cette minuscule comédie dramatique, quelques raisons de se réjouir. Et qu’importe si le scénario est basé sur un cliché aussi énorme que rebattu – opposer le snobisme des riches au sens de la solidarité des plus pauvres -, et le discours « politique » convenu qui en découle, ce film fera une belle carrière… à la télé lors des inévitables rediffusions qui suivront. Allez, bon plateau télé !
Michèle Laroque et Claudia Tagbo forment un duo explosif, qui plus est, donne l’impression de s’être très bien entendu. Même si, au départ, leurs personnages semblent un poil – un gros -, caricaturaux, le scénario gomme assez rapidement l’outrance et elles participent à rendre presque crédible cette rencontre et cette association improbables. On citera aussi à l’affiche, David Mora, Jochen Hägele et Sébastien Chassagne. Frais mais convenu, joyeux mais un peu forcé, quotidien et invraisemblable, vous le voyez, ce gentil film est schizophrénique et ne justifie pas de s’y précipiter.