Aux vues de la réputation du film, je m'attendais à quelque chose de nettement supérieur au premier ( déja très bon ), à quelque chose de particulièrement bon, à un chef-d'oeuvre du genre. Imaginez ma déception, et ma tristesse, lorsque j'ai finalement dû lui assener une note de 5 sur 10, et d'environ 11 sur 20. Ce fut quelque chose de dur, je l'avoue, un véritable déchirement émotionnel. Franchement, je ne comprends pas cette réputation. Comment peut-on oser dire que le métrage est meilleur que le premier? Suffit-il de ne faire que trente bonnes et dernières minutes pour dépasser un authentique chef-d'oeuvre? Non, cela ne prend pas. Car même si le film s'avère beau, esthétique et original ( encore que c'est relatif ), rien ne pourra lui pardonner les trente premières minutes, d'une lenteur saisissante, et d'un ennui profond. Pour commencer, il faut avouer que tout y est, pendant la première partie, terriblement grotesque : le résultat final, moche au possible, est répulsant de mauvais goût : les acteurs cabotinent au possible, et l'écriture semble tenter de faire son travail, sans réellement parvenir à combler ce vide abyssal qui règne. La seule chose qui ne déçoit jamais, c'est véritablement la mise en scène de James Whale, sorte de vétéran de la Universal et de ses Universal Monsters. Sa réalisation, toujours aussi efficace, rivalise de trouvailles et d'imagination ( la scène des bocaux est un bijoux dans le genre ). De plus, elle s'avère constante, sans ne jamais baisser de niveau. Les plans, bien choisis et réfléchis, s'avèrent très poétiques. Le soucis vient donc, comme je l'ai déja exprimé plus haut, de l'écriture de l'oeuvre, complètement hors-sujet pendant plus d'une demi-heure. Elle est tout le temps dans l'excès, dans le grotesque; c'est à la fois ridicule et dérangeant, entre le malaise et le comique ( volontaire ou non, je ne saurai le dire ), au point d'en devenir complètement agaçant. La vision du monstre s'avère, comme précédemment évoqué, véritablement hors-sujet, au point d'en être complètement pathétique, et tellement décevant que c'en devient énervant. Apparaît donc une énorme rupture avec le film précédent, et qui n'est, cela va sans dire, pas de la meilleure des augures. De plus, le récit manque de sens, de cohérence, de cohésion; il n'y a pas de fil logique entre les scènes, tant de parlote que d'action. L'on ne se concentre, par ailleurs, jamais assez sur tel ou tel évènement, passant directement au suivant, sans réellement nous marquer l'esprit. Et c'est dommage, parce que cela le rend véritablement imparfait, et lui impose un gros problème de rythme, vraiment gênant ( tellement que j'ai eu du mal à ne pas regarder mon portable pendant la première demi-heure ). Pour en revenir à l'aspect esthétique de la chose, la bande-son, parfaite pour le métrage, l'illustre de manière grandiose; il pimente parfaitemen le tout, et se montre d'une étonnante, non, d'une sidérante modernité. Ensuite, au niveau du maquillage, le métrage lui même a complètement changé : le visage de Frankenstein, extrêmement différent, perd de l'aspect rafistolage du film précédent, et en tant que tel, j'ai préféré sa version d'origine, beaucoup plus touchante et viscérale. Il est donc trop simple, trop rudimentaire. Mais attention, sachez bien que je ne parle pas, là, de l'interprétation de Karloff. Ce dernier est complètement rentré dans le personnage, encore plus que précédemment. Désormais, il ne l'incarne plus, il le vit. Il ne joue plus la créature, il est la créature. Encore meilleur, il est, par delà même, encore plus touchant; il devient humain et, acquérant l'usage de la parole, s'humanise de plus en plus. Sauf qu'à partir de là, beaucoup crient au génie, à l'innovation. Mais, voyez-vous, ce serait oublier le roman que d'oser prétendre pareille chose. La créature saît parler dans l'oeuvre originale, ne l'oublions pas, allant même jusqu'à se questionner sur le sens même de la vie. Ici, son apprentissage est mené d'une bonne manière, se raccordant complètement au roman ( la scène avec l'aveugle, par exemple, est tirée, en majeure partie et dans son contexte, de l'oeuvre de Mary Shelley ). Un autre détail que je n'ai, pour le coup, pas apprécié : l'introduction. Admettre Mary Shelley dans son film, et ainsi mettre en oeuvre une mise en abîme de folie, était chose intelligente et convaincante. Seulement, c'est dans le fond que cela ne va pas, le fond étant convaincant. Le premier métrage n'étant pas du tout fidèle au roman ( mais alors vraiment pas, pour ne point avancer qu'il n'y a aucun rapport entre les deux, si ce ne sont les personnages présents dans les deux oeuvres ), ils essaient de l'y rattacher en mentant complètement sur la nature des évènements, et sur les évènements même, qui se trouvent dans le premier film, ainsi que dans l'oeuvre de Mary Shelley. Et cela, voyez-vous, je ne le supporte pas, parce que cela entraîne les gens n'ayant pas lu le livre à croire que le premier film lui est fidèle ( donc d'avoir une vision fausse des deux ), et de penser des choses complètement erronées au sujet du bouquin, de penser être cultivé et, à l'évidence, de ne l'être surtout pas. De plus, cela traduit un manque de courage évident, tant l'oeuvre revient en arrière pour ne pas se différencier de l'oeuvre d'origine; elle l'épouse donc, mais de la pire des manières envisageables. Voilà, en petite conclusion, je tiens tout de même à préciser que la fin rattrape tout de même énormément le métrage ( d'où ma note épousant la moyenne ); avec sa fiancée extrêmement convaincante, presque terrifiante. C'est ainsi que je voulais voir le métrage, pas en tant que comédie grotesque, et qui plus est ratée. et c'est dommage, parce que l'idée de base était géniale; mais là encore, elle venait du roman, et s'est vue traitée de la pire des manières. Sans dire que ce Frankenstein est un imposteur, il reste tout de même une énorme déception, un foirage presque complet, si l'on ommet de citer sa dernière partie, la seule acceptable du métrage.