Cette suite est plus réussie que l'original, tout d'abord par sa liberté accrue dans la mise en scène, mais aussi et bien sur par le développement que subit le monstre. Dès la première scène on remarque le talent de Whale sur l'épouvante et l'art cinématographique gothique : on commence avec un plan d'un chateau, complètement sombre, noirci par la nuit, et ensuite plan de l'interieur, complètement inversé, opposé à ce qu'on vient de nous presenter.
Plus de liberté dans la mise en scène, l'exemple le plus flagrant est lors de la scène où la foule rentre chez elle au tout début, et que le maire parle aux villageois, le plan se veut être une plongée et contre plongée, procédé alors inexistant à l'époque, on a droit à un plan américain, mais avec un personnage en hauteur et l'autre, à l'inverse, plus bas. Procédé donc très novateur et très enrichissant pour le film.
On a aussi des plans en travelling qui sont exceptionnels, très rare dans les films de l'époque, également, très enrichissant. Puis, le monstre, le lynchage est très bien fait, montrant toute la colère de ces villageois, effrayés et terrorisés par ce colosse meurtrier. Et puis, l'emploi de mannequins en mousse sont d'un réalisme époustouflant, et pour l'époque, c'est vraiment extraordinaire.
Mais finalement, ce qui apporte vraiment, c'est la transformation psychologique du monstre, on découvre que finalement, c'est un incompris, qu'il a de l'humanité, notamment avec l'homme aveugle, et surtout lors du plan où on le voit verser une larme, c'en est presque touchant. Il découvre le plaisir de la vie, la parole, mais est aussitôt rattrapé par son passé, autrement dit par les hommes qui le traque.
Si cet opus est mieux réussi, c'est aussi par sa qualité de jeu d'acteur, le docteur Frankenstein est toujours aussi bon, mais c'est surtout Boris Karloff qui se démarque, l'emploi de la parole ajoute énormément et montre qu'il a du talent, bien plus que dans le premier. L'autre docteur est aussi bon, et la scène de présentation de ses créations lilliputiennes et vraiment très étonnante.
La fiancée de Frankenstein est donc une suite mieux réussie que son original, pour tous les aspects cités, film maitrisé par un réalisateur hors pair qui séduit à nouveau le spectateur, par des rebondissements, des détails de mise en scène qui produisent, il faut bien l'avouer, encore beaucoup de leurs valeurs d'antan.