Très belle réalisation de Viggo Mortensen qui se contente par moment d’une simple contemplation, d’un soupir, d’une respiration, et nullement ennuyeux, inutile d’y ajouter de longues lignes de dialogues quand ce qui est montré et entendu nous donne déjà une idée précise de ce qui se déroule. Certains diront qu’il ne se passe pas grand-chose, et pourtant, c’est une histoire poignante et déchirante, à tel point que j’en suis même venu à détester le personnage d’Holger (Viggo) jusqu’à quasiment la toute fin tant il est la cause de tout ce drame, et sa vengeance ne lui aura rien apporté de plus, tout était déjà trop tard. Vicky Krieps est poignante de vérité dans le rôle de Vivienne, elle montre remarquablement toute la force de cette femme qui bien qu’elle a failli quitter sa maison afin de fuir l’horreur, est tout de même restée sur place afin de montrer à la face du monde qu’elle ne sera jamais brisée par un fils à papa qui sème la terreur impunément car sous le couvert d’un père qui contrôle les représentants de la loi grâce à son argent et son pouvoir.
Le découpage particulier du film (allers-retours présent-passé) est assez déconcertant pendant les 30 premières minutes car il mélange 3 époques (+ une partie imaginaire) sans aucun warning, mais on finit par s’y faire et ça devient même un plaisir car les cuts sont parfaitement choisis afin que le spectateur ait le temps de remette le puzzle en place morceau par morceau et n’ait pas le temps de s’ennuyer. Seul reproche personnel : la partie enfance de Vivienne ainsi que la partie imaginaire du chevalier Holger sont à mon humble avis très dispensables.
C’est une très belle œuvre sans être un chef-d’œuvre, un très beau western comme on en fait que trop rarement, même si ce genre cinématographique revient de plus en plus ces 20 dernières années et même encore plus ces 10 dernières, avec justement très souvent des drames contemplatifs qui suivent le destin d’un couple, d’une famille, ou même d’un(e) solitaire, avec à chaque fois des pics de tension qui arrivent à point nommé. Sauf que dans The Dead Don’t Hurt (je n’utilise pas le titre français tellement il est ridicule), les pics de tension sont parsemés ça et là, séparés par des moments de calme ou même de joie.
Merci Mr Mortensen pour ce beau moment de cinéma qui renferme discrètement (ou pas) son lot de messages politiques et sociétales transposables à notre époque.