Mélo historico-néo-académique
Producteur, réalisateur, scénariste, compositeur… le moins qu’on puisse dire c’est que, pour son 3ème film, Viggo Mortensen est partout, devant et derrière la caméra, au clavier - il a composé la musique -, et à son bureau… L’homme orchestre ! Et alors, 129 minutes plus tard, passées au cœur de l’Ouest américain, dans les années 1860, on se dit que tout cela est très beau, mais surtout très languissant. Après avoir fait la rencontre de Holger Olsen, immigré d’origine danoise, Vivienne Le Coudy, jeune femme résolument indépendante, accepte de le suivre dans le Nevada, pour vivre avec lui. Mais lorsque la guerre de Sécession éclate, Olsen décide de s’engager et Vivienne se retrouve seule. Elle doit désormais affronter Rudolph Schiller, le maire corrompu de la ville, et Alfred Jeffries, important propriétaire terrien. Il lui faut surtout résister aux avances plus qu’insistantes de Weston, le fils brutal et imprévisible d’Alfred. Quand Olsen rentre du front, Vivienne et lui ne sont plus les mêmes. Ils doivent réapprendre à se connaître pour s’accepter tels qu’ils sont devenus… Le western est devenu une denrée rare sur nos écrans. Même si celui-ci est une coproduction qui réunit Mexique, Canada et Danemark, il a tous les atouts de ses prédécesseurs, mais, ici, seule la psychologie a véritablement passionné notre homme orchestre pour un résultat somptueux visuellement mais très – sans doute trop – atypique.
D’emblée, on est loin de Clint Eastwood et de ses Pale rider ou Impitoyable. Et on peut le regretter. Car Mortensen a tout pour devenir un très bon réalisateur, mais il manque cruellement d’un scénario original. Les va-et-vient entre le passé et le présent finissent par lasser et le côté contemplatif trop systématique et donc envahissant. Ce manque d’intensité rappelle furieusement La dernière piste de Kelly Reichardt. OK, le western psychologique – locution qui signifie qu’il ne s’y passe pas grand-chose -, est devenu un genre en soit, mais on est aussi en droit de ne pas trop aimé ça. Reste les décors, somptueux, la reconstitution plus que soignée, les quelques scènes de grande tension et surtout, le casting magnifique qui sauve l’entreprise du naufrage. Hélas, le film ronronne beaucoup… et moi un peu par instant.
Vicky Krieps est extraordinaire. A chacun de ses films – Phantom Thread, Old, Next Door, Serre moi fort, Corsage -, on ne peut que le constater… avec plaisir. Viggo Mortensen, lugubre à souhait est à l’unisson de sa superbe musique qui accompagne le film… J’avoue que c’est la 1ère fois que je vois un western soutenu par le son du violoncelle ou du quatuor à cordes… une curiosité. Ajoutons à cette affiche Solly MacLeod, le méchant qu’on adore haïr, Garret Dilahunt et Danny Huston. Au royaume des flash-back et des flash-fowards, on s’y perd un peu et le film beaucoup. Dommage car j’adore Mortensen et la grande Vicky. Ce regard féministe sur la conquête de l'Ouest n’aura pas suffit à passionner le spectateur que je suis.