"Audition" semblait, sur le papier, pouvoir donner un thriller psychologique angoissant et original. Le scénario est riche, et Takashi Miike sait parfaitement comment tenir une caméra et jouer avec les effets de style (angles décalés, rupture de rythme, flash-backs, ..). Mais pourtant, je ne me retrouve absolument pas dans son style. Je suppose qu'avec Audition, il voulait créer un contraste entre deux parties, en changeant de cap au milieu du film. Un début conventionnel et une fin explosive, une sorte de descente aux enfers comme dans de nombreuses grandes oeuvres du cinéma. Le problème, pour moi, c'est qu'on est tellement dans les extrêmes que ça en devient vain. La première partie est trop réaliste, tirée en longueur, sur le quotidien triste de ces personnages. La seconde, quant à elle, est trop violente, trop intense, pour être vraiment crédible. Et surtout, le traitement de la violence est vraiment problématique. Alors qu'il arrivait jusque là à distiller un certain malaise sans rien montrer, Miike se déglingue complètement sur la dernière partie, et flirte beaucoup, beaucoup trop, avec le sadisme et le voyeurisme de la violence. Il s'offre des plaisirs coupables, alors justement que son scénario dénonçait cette violence, habituellement infligée aux femmes! Un scénario intelligent et bien peu servi par le réalisateur, selon moi. Je peux comprendre ceux qui aiment le film pour ses surprises et ses extrêmes assumés. Mais je ne peux que reconnaitre que je préfère de loin les cinéastes tels Kubrick ou Hitchcock, qui jouent constamment aux équilibristes entre calme et tempête. Miike, quant à lui, oppose tellement les deux que je reste finalement à l'extérieur de son film..