Etant moi-même passé par la case prépa math sup / math spé, ce film m'a forcément causé. Section MPSI puis PSI* dans un gros lycée de région, intégration d'une école d'ingénieur après mes concours en 3/2 : j'ai vécu beaucoup de moments dépeints dans ce film.
Le discours introductif pompeux du gérant d'établissement ("vous êtes l'élite de nation", j'y ai eu le droit aussi !). Le bizutage gentillet. L'énorme charge de travail (je me rappelle encore des premier mots de ma prof de français : "vous avez dit non à la vie pour 2 ans" !). La camaraderie entre élèves, face à des professeurs parfois très secs et humiliants. Les fameuses khôlles en trio, où l'on fait rarement le fier. Les doutes, les sales notes, les chutes de motivation.
Des élèves comme Sophie, de jeunes gens qui débarquent en prépa la fleur au fusil, envoyés par leur lycée parce qu'ils sont bons en math. D'autres très motivés par un domaine technique ou une école. Un ou deux extra-terrestres qui semblent tout faire avec facilité. Et les gens acceptés tout juste, qui quittent le navire en cours de route.
Bien sûr, il y a des erreurs ou caricatures. La prof de physique qui khôlle ses propres élèves. Les sujets de khôlles qui mélangent tout, y compris du programme de spé en sup ! Les matières non négligeables comme le français et les langues, absentes ici. Ou les acteurs trop vieux : les élèves de sup ont souvent 17 à 19 ans, pas 24 !
Mais bon, c'est du pinaillage. Pour une fiction qui cherche à évoquer la voie royale (terme que l'on utilise encore dans l'industrie pour désigner le combo prépa + grande école), ça peut donner une bonne idée à ceux qui se demanderaient à quelle sauce ils vont être mangés.
C'est par ailleurs très bien joué, malgré l'âge des acteurs. En particulier, Suzanne Jouannet et Marie Colomb, toute les deux touchantes. Et c'est plutôt bien réalisé.
Par contre côté scénario ça s'éparpille un peu. Mixité sociale de façade, difficulté à s'orienter quand les parents n'ont pas fait d'études supérieures, système prépa trop rigide : on ne sait pas trop quel est vraiment le message du film. Jusqu'à Sophie, qui veut à tout prix intégrer l'X sans vraiment savoir pourquoi. De plus, le dernier acte est très peu crédible.
Sophie abandonne donc après la sup, mais fait une année à la fac en guise de spé, pour passer le concours de l'X en candidate libre. Coachée par un ancien 5/2, désormais accepté aux Mines, qui visiblement n'a que ça à faire de ses week-ends pendant 1 an ? Et elle obtient son concours du premier coup ??? Sacrément difficile à avaler quand on connait le niveau de la spé et du concours...
"La Voie Royale" n'en reste pas moins intéressant. Ce point de vue sur cette spécificité très française qu'est la prépa, à la fois méritocratique et élitiste, parait documenté. Et il n'est pas si courant au cinéma...