Pendant deux ans, avant l’arrivée du COVID, 332 enfants et jeunes réunis sans casting, au Nord et au Sud, à la ville et à la campagne, ont filmé et mis en action ce qui est essentiel pour leur futur.
Des ateliers ont été menés sur des classes entières aux quatre coins du monde, en veillant que chacun.e s’accomplisse et apporte le meilleur individuellement ou collectivement.
Au fur et à mesure du tournage, l’intérêt des jeunes s’est porté sur la santé, la justice, l’équité et l’environnement.
Des ponts ont été établis entre Grenoble, Ouagadougou et Madrid, Madagascar, la Savoie et La Réunion, pour que les enfants et les jeunes échangent entre eux et collaborent à distance tout au long du tournage.
Chaque élève a été formé et sensibilisé aux métiers du cinéma et a été initié à la prise de vues, au son et au montage. Progressivement, les jeunes se sont spécialisés selon leur affinité et leur appétence.
Dans une volonté d’expérimenter tous les aspects de l’éducation à l’image, tous les choix d’écriture et de montage ont été décidés par la classe entière afin que chaque élève participe et valide les séquences retenue.
Le fil rouge de Graines d'espoir ne porte pas sur le fait que les gens sauveront ou non la planète, mais sur le sort de tous les enfants : pourront-ils respirer, manger à leur faim, vivre ensemble dans la dignité, faire autre chose que se battre pour survivre ? Pierre Beccu confie :
"Le cinéma est un formidable vecteur de partage pour apprendre, faire, promouvoir. Chacun peut devenir à son rythme auteur, acteur et producteur de lui-même, de son environnement et de la transition humaniste. L’association du numérique, de la créativité de la jeunesse citoyenne et de l’art cinématographique pourrait permettre d’impacter directement les mentalités et les comportements."
L’initiateur du projet, Pierre Beccu, a réalisé quatre films sortis au cinéma et une vingtaine de documentaires. Depuis 20 ans, en parallèle, il travaille sur la médiation avec la jeunesse. Graines d'espoir se situe dans la lignée de son film Regards sur nos assiettes, réalisé avec des étudiants, et sorti en salles en septembre 2015. À partir de 1984, il réalise des documentaires pour la télévision, avant de passer au long métrage en 1992, avec La Dernière saison, puis Un voyage entre amis. Ensuite, Pierre Beccu s’est surtout consacré au documentaire pour la télévision et le grand écran.
"Je comprends que cette vision puisse paraître totalement utopique et dérisoire dans le monde actuel. Mais l’espoir patiemment construit au fil de ce récit mérite d’être transmis. Je suis persuadé que si nous avons une chance de réussir, ce n’est pas AVEC ou POUR la jeunesse, mais PAR la jeunes."
Pierre Beccu et ses techniciens ont ainsi fait équipe avec 332 enfants, leurs enseignants et leurs proches. Il explique : "C’est une micro-expérience que nous avons vécu là. Changer de posture, changer de point de vue ; c’est ce que nous avons fait en permanence sur Graines d'espoir. Pour un récit cinématographique (il en est de même pour la littérature, la danse, la musique, les arts graphiques), le changement de point de vue est indispensable. C’est lui qui donne du goût et du sens au récit."
Grâce aux ateliers cinéma, le travail manuel est placé au centre de l’apprentissage : filmer, enregistrer le son, faire du montage... Chaque enfant a pris sa place et trouvé son domaine de compétence au fil de l’évolution du projet.
A chaque étape les jeunes ont travaillé les questions du réel et du virtuel, de l’usage et du sens à donner à la puissance numérique, du rapport au temps, de la place de chacun dans l’espace commun, de la légitimité à être et à s’exprimer dans le respect. Sans injonction, ni leçon visible, tous les enjeux citoyens sont pétris par le projet créatif.
Le tournage a permis d’aboutir à une prise de conscience décomplexée qui a libéré la parole, la volonté de raconter, le désir de créer, de transmettre, de s’inscrire en tant qu’auteur du monde présent et à venir. Graines d'espoir déambule sur une bande passante très large qui va de la perception la plus personnelle de la nature, à l’usage des technologies numériques les plus modernes.
Graines d'espoir c’est le récit de ce qu’ont voulu raconter ces enfants et ces jeunes avec leur vision du monde tout en s’interrogeant sur les défis à venir.