A la lecture du sujet, on est en droit d’avoir peur et de vouloir passer son tour... Les romances pour ados, notamment sur les plateformes de streaming, se ressemblent toutes et l’excès de glucose et de fleur bleue qui leur est caractéristique est clairement réservé aux amateurs. De plus, sauf exception, c’est rarement du grand cinéma. Mais on peut se souvenir des cultes « N’oublie jamais » ou « Nos étoiles contraires » qui, malgré leur sujet hautement lacrymal et triste, parvenaient à emporter le morceau aux yeux du grand public. Néanmoins, surprise, ce « Nos cœurs meurtris » ressemble bien plus à une romance adulte dans les thèmes traités et coche quasiment toutes les cases de la réussite dans le genre. Tout comme il évite tous les écueils de ce type de production destinée davantage à un public jeune et féminin. Cette œuvre bien plus profonde qu’il n’y parait devrait donc plaire, si ce n’est à tout le monde, en tout cas au plus grand nombre.
En ce sens, on la rapprochera plus de « A star is born » autre carton romantique mais plus mature. Sofia Carson, l’actrice principale, est également chanteuse comme Lady Gaga, et le fond s’avère tout de même tout aussi sérieux et grave voire tragique dans les deux films. D’ailleurs et étrangement, l’un des seuls défauts majeurs de « Nos cœurs meurtris » vient de l’aspect musical. On doit en effet se farcir des chansons quelque peu sirupeuses du fait que le personnage de Cassie est chanteuse et compositrice. Certaines nous atteignent et font leur petit effet, d’autres moins, mais dans tous les cas c’est peut-être le seul côté qui rend le film un peu mièvre parfois. Dans ce genre d’œuvre, il faut que le duo principal soit charismatique et qu’il y est une synergie entre les deux. Et bien le couple formé par l’actrice et chanteuse mais surtout son beau partenaire (en plus d’être excellent acteur) est mignon comme tout en plus d’être touchant et attachant. Bravo donc au ou à la responsable de casting, il ou elle a vu juste. De leurs désaccords à leur amour, tout fonctionne et ce couple est rempli de charme.
Mais « Nos cœurs meurtris » vaut aussi pour beaucoup d’autres choses et la plupart ne sont pas de l’ordre de la romance, qui n’occupe au final qu’une part restreinte du film. Une part qui n’en demeure pas moins réussie jusqu’à son sublime final. La réalisatrice parvient à éviter certaines mièvreries propres au genre et rentre aussi dans certains passages obligés, mais de manière fine et juste. Le fait de filmer tout cela comme une oeuvre presque issue du cinéma indépendant est une gageure, donnant un cachet singulier au film, et le montage lui ajoute une puissance dramatique certaine. Plus étonnant – et c’est ce qui fait l’ADN et l’originalité du film – il est beaucoup question de politique et de social ici. Lui est profondément républicain et traditionnel et elle est démocrate et féministe confirmée. De manière tout sauf caricaturale, tout en douceur et réalisme, le scénario va les faire s’opposer puis se réunir. Au vu du contexte actuel américain, cela peut se voir comme un message d’espoir et de réconciliation même si utopique. Deux autres points, et non des moindres, sont abordés ici : en l’occurrence la couverture santé des américains et le traitement des militaires par leur pays. Des sujets graves et importants que ce drame sentimental traite avec acuité et objectivité. Et ce sous-texte densifie fortement ce qui n’aurait pu être qu’une bluette de plus mais qui se révèle au final un bel et grand film romantique porté par un duo étincelant.
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