Un film intéressant d'un réalisateur intéressant, le mexicain Michel Franco, même s'il ne restera sans doute pas dans les archives et dans les mémoires. Un film intriguant, un film à tiroirs dont le dernier ne s'ouvrira qu'à la toute fin du film, vous faisant enfin comprendre le personnage -et le titre de l'ouvrage.
Une famille anglaise unie, heureuse: la soeur, Alice (Charlotte Gainsbourg, toujours très juste), avec ses deux grands enfants et le frère, Neil (Tim Roth, lunaire) dans un luxueux resort d'Acapulco. On apprendra plus tard qu'ils sont très riches, que la famille a fait fortune dans l'élevage industriel et l'abattage des porcs (oui, c'est moins glamour que la haute joaillerie...) et que maintenant c'est Alice qui gère les affaires de main de maître. Et puis, un appel: leur mère vient de mourir subitement.
Départ précipité, et à l'aéroport, Neil n'a pas son passeport. Il retourne en ville, se lie avec un chauffeur de taxi qui pourtant a une bonne tête d'arnaqueur, s'installe dans l'hôtel miteux qu'il lui a recommandé, passe ses journées sur la plage à boire des hectolitres de bière, répond évasivement à Alice: "tu l'as retrouvé, ton passeport? tu le cherches encore, n'est ce pas? tu es allé au consulat?", -Alice qui lui en veut, bien sûr, de se retrouver seule à gérer l'enterrement et tout ce qu'il y a autour-, et pour finir, tombe amoureux d'une vendeuse mexicaine (Iazua Larios).
Et nous, spectateurs, essayons de comprendre les raisons de cette espèce de catatonie béate, de cette indifférence souriante au monde, que l'histoire d'amour ne suffit certes pas à expliquer. Bref, pendant la première moitié du film, il ne se passe.... rien. Et puis, virage sur l'aile: nous voilà dans un thriller. En raconter plus serait du spoilage, même si on peut dire que pendant les pires épreuves, Neil reste semblable à lui même: absent de sa vie...
Film personnel, original, qui mérite le voyage