Ah la thématique du rêve… L’entourloupe préférée des scénaristes feignants; le théâtre de nombreux écueils mais aussi, parfois, de belles surprises.
Vanilla Sky c'est un long-métrage difficilement qualifiable qui mélange film policier, téléfilm mielleux façon M6, science-fiction, super production hollywoodienne au casting démentiel, film fantastique et j'en passe.
On y découvre la vie de David, beau gosse et riche héritier d'un grand journal New-Yorkais. Si ce dernier semble mener la belle vie, son existence bascule lorsqu'une de ses copines le défigure dans un accident de voiture.
Sitcom romantique ennuyante pendant le premier quart du film (si l’on passe outre la scène d’ouverture cultissime), Vanilla Sky prend une tournure un peu plus intéressante quand il revêt des allures de thriller.
La tension dramatique s’installe alors et quelques passages révèlent le plein potentiel du schmilblick ou l'on peine jusque-là à y voir clair.
La scène de la boîte de nuit notamment. Particulièrement réussie, le masque arborée par David est une allégorie efficace de la dualité que l’on retrouve tout le long du film : la vie et la mort, la beauté et la mocheté, Sofia et Julianna, le rêve et la réalité, le ying et le yang (non la je déconne)…
Cruise est plutôt bon dans le rôle de ce personnage trituré dont le gloubiboulga dans lequel il est ne prend sens qu'au cours des dernières minutes du film. Car oui, c'est un plot twist plutôt maladroit qui vient chapeauter une réalisation tout aussi confuse. Bien que ce second aspect soit probablement un parti pris du réalisateur, en écho au profond mal-être de David qui ne distingue plus le vrai du faux, la révélation finale ne parvient pas à nous satisfaire pour autant.
La satisfaction, c'est chez les amateurs de bon son que l'on pourra la retrouver. Côté musique, c'est un festival de gros hits bien cultes, dont certains contribuent largement à la réussite de certaines scènes (Radiohead, Bob Dylan, R.E.M., Jeff Buckley...). Belle manière de briser le 4ème mur, ces titres faisant écho pour beaucoup à des moments forts de notre vie, tout en étant directement ancrés à celle de David, ce dernier puisant dans ses disques favoris pour illustrer ses rêves.
C'est peut-être ce qui donne à Vanilla Sky cet aspect "safe place"/madeleine de Proust qui rend le film extrêmement difficile à détester, même si l'hommage à la pop culture est quelque peu maladroit dans sa finalité.
De manière plus générale, la réalisation est plutôt léchée sans proposer toutefois quelque chose d’audacieux ou de réellement innovant. C’est propre et honnête, avec quelques plans bien sympas, mais reste classique la plupart du temps.
Un film sympathique et une jolie performance de Tom Cruise, mais qui reste ni plus ni moins qu'une version "à l'eau de rose" de Total Recall, qui amène d'une bien meilleure façon la vision "futuro-dystopique" de la thématique du rêve.