Pétillant, charmés, époustouflés, presque à bout de souffle, nos yeux balancent, tournent, clignotent, au reflet des lumières sous-marines qui s'inscrivent sur la surface de nos mirettes. Nos regards sont attirés, observant chaque effets, petit poins blanc, bactéries microscopiques ou insectes sous-marins minuscules, qui défilent, tout le long, devant nos pupilles régalées. Précise, fastueuse, prodigieuse, l'image est d'une rare beauté. Au moindre coin d'eau, tic, tac, les animateurs Pixar implantent, comme cent petits Kubrick s'acharnant sur leurs ordi, une bulle, par ci, par là. Un reflet. Le balancement quelconque d'une algue. Le tourbillonnement d'un grain de sable. L'océan devient un terrain ou afflue une grâce sublime, ou les image coulent, fluides, douces. Si Le monde de Némo est un régal pour les yeux, sa réussite ne vient pas seulement de là. C'est son histoire, touchante, quelques fois tragiques et d'autres fois d'une espérance et d'un optimisme revigorant, qui touche au cœur. Ses aventures, orchestrés comme des ballets aquatiques ou aériens, non sans cet humour réjouissant propre à Pixar et ces répliques mémorables qui nous accrochent sans jamais nous relâcher. Mais le film va encore plus loin, au final, quand il montre, au tout début, ses files interminables de poissons indifférents qui errent sans but précis. Petit à petit, ses files se dédoublent, ses poissons se solidarisent, s'humanisent, et "Sauvez Némo !" devient le mot d'ordre de tout l'océan, phrase circulant, coulant, glissant, atterissant entre les pattes des crabes et les nageoires des poissons. Les exploits se racontent et surtout, se partagent. Les poissont se parlent. Se comprennent. Se conseillent. Finissent un bout de chemin ensemble. Et l'émotion, toute seule, s'affleure. Comme ça, simplement, naturellement, les vagues montent, la mer monte. Les larmes montent...