David Cronenberg sort ici de sa zone de confort pour nous livrer, en 2002, cette adaptation du roman homonyme de Patrick McGrath, qui est par ailleurs également le scénariste du film. Ici, point d'effusions de sang, point de corps qui se décomposent, qui se changent ou qui se mélangent mais "juste" de la psychologie ; enfin plutôt de la psychiatrie. Malgré tout, le réalisateur ne sort pas totalement non plus de sa zone de confort. Effectivement, malgré un sujet beaucoup plus lourd par rapport au reste de sa filmographie, nous retrouvons tout de même une ambiance très sombre, voire même crasseuse et poisseuse par moment, ce qui met particulièrement le spectateur mal à l'aise durant une bonne partie du film. Et pour mettre son spectateur mal à l'aise, Cronenberg est un maitre ! Ce n'est effectivement pas un film de chevet, ce n'est pas le film qu'on matte pour "passer un bon moment". D'ailleurs, même au vu de l'affiche ou de la bande annonce, on hésite à insérer le DVD dans le lecteur. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai personnellement mis autant de temps à me lancer. Mais malgré tout, c'est tout de même un film que l'on apprécie évidemment pour sa mise en scène de la folie. Il n'y a aucun artifices, tout est très froid, ce qui met, encore une fois, d'autant plus le spectateur mal à l'aise. Et oui, nous sommes ici complètement enveloppés dans la folie du personnage principal puisque nous sommes dans sa tête et dans ses souvenirs pendant une heure et demie. Ainsi, en plus de vivre son très sinistre présent, nous vivons également son enfance décharnée de joie et de rires. La mise en scène suit par ailleurs le même rythme ; ce sont des plans plutôt longs et larges dans l'ensemble et, encore une fois, sans artifices. Alors, c'est quelques fois un peu longuet, certes, mais honnêtement, une fois que l'on plonge dans le film, dans cette atmosphère oppressante, il est difficile d'en sortir. Soulignons également la très bonne interprétation de Ralph Fiennes qui arrive à faire passer énormément de choses rien qu'avec les gestes et son regard (son rôle étant quasi-muet), ainsi que celles de Gabriel Byrne et de Miranda Richardson. "Spider" n'est donc pas le meilleur de la filmographie du réalisateur mais il fait en tout cas partie des plus froids !