Je poursuis mes investigations dans le cinéma de David Cronenberg avec Spider, son premier métrage des années 2000, un film où il n’y a pas de fantastique, et qui s’avère un joli film, un peu prévisible (la fin n’est absolument pas inattendue), mais porté par une superbe interprétation.
C’est vraiment ce qui séduit le plus dans Spider, l’interprétation. Ralph Fiennes dans un rôle quasi-muet est étonnant et remarquable, jouant un fou avec une étrange sobriété qui le rend on ne peut plus réaliste et crédible. Il sait aussi être touchant, et on suit avec plaisir ce héros, incarné dans ses jeunes années par un Bradley Hall qui colle bien au personnage. Autour de Fiennes d’autres acteurs fort bien exploités, dont le ténébreux Gabriel Byrne, et le toujours excellent John Neville. Le casting féminin est tout à fait percutant aussi, avec notamment la très talentueuse Miranda Richardson, que je trouve assez rare au cinéma, malheureusement.
Le scénario comme je l’ai dit ne surprend pas énormément, et Spider reste un peu longuet parfois. C’est une sorte de long poème sur la folie, puisque l’on suit quasiment sans discontinuer, entre passé et présent le héros qui n’est pas seul dans sa tête ! La narration est assez lourde, linéaire, avec cette succession d’aller-retours qu’on pourra trouver trop démonstrative. Néanmoins Spider tient la route, et c’est un exercice de style audacieux de la part de Cronenberg, même si son approche du sujet aurait pu être plus intense et plus entrainante avec une narration moins empâtée, et un peu plus de surprises à la fin de cette enquête très mentale.
Visuellement le métrage séduit par sa sobriété. On retrouve un peu d’ailleurs de l’esthétique nouvelle que développera le réalisateur dans ses deux films suivants. Le film est simple, dans ses décors comme dans sa photographie, la mise en scène ne fait aucune esbroufe, c’est propre, c’est sombre, c’est dépouillé, avec un indéniable côté intimiste dans la réalisation de Cronenberg qui reste accrocher à ses personnages. A noter qu’il n’y a aucun débordement sanglant ou horrifique comme dans d’autres films du réalisateur, et à souligner aussi la belle musique, trop peu utilisée cependant.
Spider n’est pas à mon sens le meilleur Cronenberg, mais c’est un métrage propre, bien fait, sur un sujet pas simple, qui vaut le détour avant toute chose pour son excellente interprétation. J’ai bien aimé, en dépit, comme je l’ai dit, d’un sens du récit assez lourd. 3.5